Lien conforté entre football américain et dégénérescence cérébrale
L'autopsie de plus d'une centaine de cerveaux d'anciens joueurs professionnels de football américain a révélé que la quasi-totalité souffraient d'une dégénérescence cérébrale chronique liée à des chocs répétés sur la tête, selon une étude publiée mardi. C'est la plus étendue réalisée à ce jour sur le lien entre des commotions cérébrales subies en pratiquant le sport le plus populaire aux Etats-Unis et l'encéphalopathie traumatique chronique (ETC), selon ses auteurs dont les conclusions sont parues dans le Journal of the American Medical Association (JAMA).
L'ETC étant une dégénération neurologique progressive liée à des chocs crâniens répétés, les joueurs de football américain "pourraient avoir un risque accru à long terme de souffrir de cette pathologie", ont résumé les scientifiques.
Au total, les scientifiques ont analysé les tissus cérébraux de 202 anciens joueurs de foot américain ayant pratiqué à titre professionnel (aux Etats-Unis et au Canada), au lycée, à l'université ou en tant que semi-professionnels. Ils ont diagnostiqué l'ETC chez 177 d'entre eux soit 87% du groupe examiné. Leur âge médian était de 66 ans au moment de leur décès et ils avaient pratiqué ce sport pendant quinze ans en moyenne. Parmi eux figuraient 111 anciens professionnels de la National Football League (NFL) -la ligue professionnelle américaine-. Cette pathologie cérébrale a été détectée chez 110 d'entre eux.
La sévérité neuropathologique de cette encéphalopathie traumatique était nettement plus marquée chez les joueurs professionnels au plus haut niveau, que chez les amateurs comme ceux ayant joué au lycée, ont noté les chercheurs de l'université de Boston. 56% des ex-joueurs universitaires et semi-professionnels souffraient des formes les plus aiguës. Une proportion qui atteignait 86% chez les anciens professionnels.
Parmi les 27 sujets souffrant d'une forme modérée de cette pathologie, 96% présentaient des troubles du comportement ou de l'humeur (dépression...), 85% avaient des problèmes cognitifs (difficultés de concentration) et 33% montraient des signes de démence.
Chez les 84 anciens joueurs ayant une forme sévère, 95% avaient des problèmes cognitifs et 85% des symptômes de démence.
Un échantillon pas forcément représentatif
Les chercheurs ont également relevé que plusieurs facteurs pouvaient déterminer le risque de développer cette pathologie et sa sévérité : âge de début et nombre d'années de pratique, position sur le terrain, accumulation des chocs sur la tête.
"Le fait d'avoir détecté un aussi grand nombre de cas dans cet échantillon suggère que cette maladie n'est pas rare", a relevé le docteur Ann McKee. "En fait, je pense que c'est beaucoup plus courant qu'on ne le pense."
Selon elle, cette étude ne visait pas à déterminer le taux d'ETC parmi les joueurs. D'autant que les cerveaux avaient pour la plupart été donnés par des familles désireuses d'en savoir davantage sur l'état de leur proche, et ne sont de ce fait pas forcément représentatifs de la totalité des pratiquants de ce sport. Reste que, a-t-elle souligné, ces travaux fournissent "de solides preuves indirectes que cette pathologie est liée au football américain".
"La communauté médicale et scientifique va bénéficier de cette étude et la NFL continuera à travailler avec de nombreux experts pour améliorer la santé des athlètes de la ligue", a déclaré Brian McCarthy, porte parole de la NFL. "Comme le soulignent les auteurs, il reste de nombreuses questions sur la cause, la fréquence et les effets durables des traumatismes cérébraux comme l'ETC", a-t-il ajouté.
La NFL a pris des mesures pour limiter le risque, en particulier chez les enfants, et s'est engagée en septembre 2016 à consacrer 100 millions de dollars à la recherche médicale et à améliorer les casques des joueurs. Ces initiatives ont été motivées par la recherche médicale et des actions en justice depuis une dizaine d'années.
Avec AFP
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