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Rugby : les adolescents sont-ils suffisamment protégés ?

TROIS QUESTIONS – Agé de 18 ans, l’ailier de Clermont Samuel Ezeala est tombé KO ce 7 janvier, suite à un plaquage tête en avant d’un adversaire. Sur les terrains, les adolescents qui jouent en amateur sont particulièrement en danger, nous rappelle Jean-Christophe Berlin – ancien joueur du Stade Français Paris et actuel responsable du pole medical du club pour les jeunes joueurs – qui milite pour une évolution des règles.
Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Rugby : les adolescents sont-ils suffisamment protégés ?

Depuis plus de dix ans, vous militez pour une évolution des règles du rugby pour la pratique des jeunes. Pourquoi ?

Jean-Christophe Berlin – Les adolescents sont plus fragiles physiquement que les adultes. Mais avec le temps, les gabarits des adolescents ont beaucoup évolué et, sur le terrain, à 13 ou 14 ans, on voit des joueurs de 50 kg, peu formé, face à des joueurs de 100 kg, musclés et rapides. Le coefficient de collision est énorme, c’est un peu comme si autobus rencontrait une mobylette… Vous pouvez ajouter à cela qu’à cet âge, les joueurs ne sont pas encore au point techniquement, et ne savent pas plaquer correctement. Le vrai problème est que, dans les matchs entre adolescents, il n’y a pas de cellules d’urgence en bord de terrain. Il faudrait qu’il y ait au moins un tel dispositif de secours : le plus grand danger, c’est le double K.O, lorsqu’un K.O a eu lieu durant la première mi-temps mais n’est pas signifié, qu’il y a un œdème, et que le joueur revient sur le terrain.

À défaut de la présence de telles cellules d’urgence, que faudrait-il mettre en place ?

Jean-Christophe Berlin – La Fédération Française de Rugby a annoncé il y a quelques semaines qu’elle s’engageait à supprimer le plaquage jusqu’à la catégorie 13-14 ans. Si cela est effectivement acté et mis en place, c’est une très bonne chose. En supprimant la collision, on supprime les accidents ! À mon époque, le rugby était beaucoup moins violent qu’il ne l’est aujourd’hui, les joueurs étaient moins athlétiques, on pratiquait plus un rugby d’évitement. Aujourd’hui, ce sport est plus basé sur la confrontation physique… Au-delà de la question des moins de 14 ans, avec ce style de jeu, les joueurs jouent aujourd’hui trop de matchs, ce qui les met en danger. Ce qu’il s’est passé hier avec Ezeala est lié au fait que Clermont a actuellement 17 blessés. N’ayant pas suffisamment de joueurs, ils ont fait rentrer sur le terrain Ezeala. Il faut évidemment faire entrer les jeunes sur le terrain, mais ce ne doit pas être, comme ici, un choix par défaut. À 18 ans, il reste 20% de la formation osseuse à faire…

Avons-nous du recul sur les séquelles de ces commotions cérébrales survenues durant l’adolescence ?

Jean-Christophe Berlin – Cela ne fait qu’une quinzaine d’années que l’on s’intéresse sérieusement à ces questions, nous n’avons donc pas assez de recul sur cette questions spécifique. Mais que ce soit en rugby, en boxe, en football, on sait qu’à chaque K.O. on perd des neurones. Il y a peu, dans notre club, nous avons arrêté définitivement un jeune de 13 ans, qui avait subi plusieurs K.O.

propos recueillis par la rédaction d’Allodocteurs.fr

Voir également : le blog de Jean-Christophe Berlin

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