Taille et durée de vie : "Les pays développés sont arrivés à un état de plafonnement"
Jean-François Toussaint, le directeur de l'IRMES, affirme mercredi sur franceinfo que les futures performances sportives seront influencées par le fait que les humains ont atteint la limite de taille et de durée de vie.
Les hommes ont atteint leur limite de taille et leur durée de vie maximum. C'est le constat mercredi 21 février d'une étude de l'IRMES (Institut de recherche biomédicale et d'épidémiologie du sport). Cela va limiter aussi les futures performances sportives, estime mercredi sur franceinfo Jean-François Toussaint, directeur de l'IRMES.
franceinfo : Qu'est-ce qui vous fait dire que l'être humain ne pourra pas grandir à l'infini ?
Jean-François Toussaint : Il semble que nous soyons en train d'atteindre tous nos plafonds simultanément. Les tailles régressent dans certains pays, dans d'autres elles progressent, mais nettement moins qu'au milieu du XXe siècle. La plupart des pays développés sont arrivés à un état de plafonnement, commun à la France, aux Pays-Bas, aux Pays Baltes ou à l'Amérique du Nord. Cet aspect est en train de s'imposer dans de nombreux domaines de la santé publique et de la performance.
En France, la taille moyenne est d'1,65 mètre pour les femmes, 1,79 mètre pour les hommes : cela va grimper encore un peu avant de stagner ?
Il y a probablement encore quelques millimètres à gagner dans les prochaines décennies, mais il est très peu probable que nous arrivions à une taille moyenne de 2,50 mètres. La génétique nous contraint dans un cadre particulier, celui de notre espèce. On doit rester dans ces valeurs compatibles avec la physiologie. Il est très probable que cette stagnation soit liée à l'atteinte des maxima génétiques, car pendant deux siècles nous avons pu développer tout ce potentiel en repoussant les limites de l'environnement.
Peut-on dire que l'être humain arrête d'évoluer ?
Il continuera à évoluer. C'est l'interraction entre le génome et notre environnement, très changeant en ce moment, qui va nous faire reconsidérer notre rapport à l'extérieur. Ce sont les bouleversements climatiques, les changements de biodiversité et tout un ensemble de facteurs énergétiques qui ont contribué à cette augmentation et à nos performances. Il faudra faire des paris politiques pour pouvoir maintenir nos performances aux niveaux qu'elles ont atteints. La limite où nous sommes est une interaction entre la génétique humaine et l'environnement qui lui permet d'exprimer son potentiel ou pas. Et maintenant où l'expression de la génétique est à son maximal, l'environnement devient beaucoup plus contraignant, et il risque d'être la cause d'une nécessaire adaptation de notre espèce.
Est-ce-que cela veut aussi dire que l'homme ne pourra plus battre de records de vitesse ou de hauteur dans le sport ?
Les conséquences sont immédiates : les capacités de performance sont liées principalement au gabarit. Plus les athlètes sont grands, plus ils vont vite. On pensait l'inverse au XXe siècle, mais avec Usain Bolt on va vers des gabarits de plus en plus grands. Et on le voit dans pleins d'autres sports : la course, l'aviron, le basket... La hausse du gabarit a été proportionnellement liée au développement des records du monde. En NBA par exemple, cette hausse s'est arrêtée il y a trente ans déjà.
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