Xavier Bertrand s'est déclaré jeudi "stupéfait" - s'ils ont été "réellement tenus" - par les propos de Jacques Servier
Jacques Servier, patron et fondateur du laboratoire qui porte son nom, a déclaré, selon Libération, lors de ses voeux au personnel: "Le Mediator, ce n'est que trois morts".
Le ministre de la Santé a insisté sur le sérieux des études, selon lesquelles le médicament coupe-faim du groupe pourrait être responsable de 500 à 2.000 décès.
"500 est un très beau chiffre marketing, mais il ne s'agit que de trois morts. Les autres avaient déjà des valvulopathies" a assuré, selon le quotidien, Jacques Servier. "Les médecins sont derrière nous, tous les cardiologues nous soutiennent", a-t-il ajouté. Le Mediator était "un médicament mineur mais qui rendait de grands services aux patients", a-t-il poursuivi, toujours selon Libération.
Dans sa seule sortie médiatique depuis le début de l'affaire du Mediator, une interview au Monde accordée mi-novembre, Jacques Servier s'était dit "sidéré et stupéfait" par les chiffres de décès évoqués dans les études. Mais le laboratoire n'avait jamais avancé un chiffre. A 88 ans, il préside toujours aux destinées du groupe pharmaceutique qu'il a bâti depuis 1954. Avec un chiffre d'affaires revendiqué de 3,6 milliards d'euros, Servier est le deuxième laboratoire pharmaceutique français en termes de ventes, derrière le Sanofi-Aventis, mais devant d'autres groupes parfois plus connus comme Pierre Fabre ou bioMérieux.
Mercredi, le figaro.fr avait indiqué qu'une étude réalisée par un cardiologue pour le compte du laboratoire Servier en 2009 montrait clairement le lien entre la prise de Mediator et les atteintes des valves cardiaques. Selon le site du quotidien, le rapport rédigé par le Pr Bernard Iung comporte 11 pages d'analyse réalisée à partir de 45 cas de valvulopathies "mises en évidence chez des patients traités par benfluorex" (la molécule du Mediator) transmis par Servier. Il s'agit de cas "spontanément rapportés par différents centres dans le cadre de la pharmacovigilance".
Xavier Bertrand, qui était interrogé sur cette affaire lors d'une conférence de presse consacrée à la médecine de proximité, a renouvelé son appel à tous les patients ayant pris le Mediator à aller consulter.
Une enquête unique
La justice va centraliser à Paris les centaines de plaintes visant le Mediator. La police et la gendarmerie sont saisies conjointement d'une enquête préliminaire sur le médicament confiée au pôle de santé publique du parquet, qui traitera l'affaire sans saisir dans l'immédiat de juge d'instruction indépendant, a-t-on expliqué au cabinet du procureur de Paris.
Neuf plaintes ont déjà été reçues, mais 110 autres ont été annoncées à Bordeaux cette semaine par le docteur Dominique-Michel Courtois, président d'une association des victimes. Une autre association de victimes créée aussi cette semaine à Lille annonce 200 adhérents.
Ce regroupement de toutes les plaintes au parquet de Paris a été ordonné par une circulaire du 26 novembre dernier aux procureurs, qui évoque une "bonne administration de la justice", selon le ministère.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.