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A quoi ressemble la retraite des satellites ?

Trois satellites ont été mis au placard en juin. Que deviennent-ils ? Francetv info raconte la nouvelle vie de ces appareils après leur désactivation.

Article rédigé par Louis San
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Illustration du satellite français d'astronomie CoRoT, lancé en 2006 et désactivé le 25 juin 2013. (CNES/AFP)

La Nasa, l'agence spatiale américaine, a définitivement débranché le télescope spatial Galex vendredi 30 juin. La mise hors-service de cet appareil, spécialisé dans la cartographie du ciel par ultraviolets, est survenue quelques jours après l'annonce de la désactivation du satellite CoRoT par le Centre nationale d'études spatiales (Cnes). Ce sont donc deux satellites qui sont mis au placard en une semaine. Que deviennent-ils ? Francetv info revient sur la retraite des engins spatiaux, qui ressemble à…

Une vie de cobaye

Herschel, le plus grand télescope jamais envoyé dans l'espace, a été totalement désactivé le 17 juin. La mise en sommeil de l'appareil, lancé en mai 2009 pour étudier la formation des étoiles, était prévue depuis mars. Durant ses trois derniers mois d'activité, l'engin, qui avait encore la capacité de communiquer avec les stations terrestres, a servi de cobaye aux ingénieurs de l'Agence spatiale européenne pour tester différentes techniques, logiciels et manœuvres qui d'habitude ne sont pas entreprises sur des satellites en activité, de peur de les mettre en danger. Les résultats obtenus serviront à de futures missions, comme Exomars. Il est fréquent de réaliser des expérimentations sur les satellites avant leur désactivation. Ce fut également le cas pour CoRoT.

Un vie d'explorateur

La sonde Voyager 1 a été lancée en 1977 pour observer les planètes voisines de la Terre, comme Jupiter ou Saturne. Trente-six ans plus tard, elle a atteint les limites du système solaire, à plus de 18 milliards de kilomètres de la Terre. Concrètement, Voyager 1 "se situe dans une zone tampon entre le vide interstellaire et la zone d'influence du Soleil", explique Le Figaro. Comment le savons-nous ? L'appareil continue à transmettre des informations, mais les différents relevés indiquent que la sonde n'est plus bercée par les vents de notre soleil.

Voyager 1 va ainsi devenir le premier appareil construit par l'homme à sortir du système solaire. Le module continue inexorablement sa course à plus de 60 000 km/h vers les confins de l'espace. Le vide spatial, le froid et l'absence de corrosion pourraient lui permettre de poursuivre son périple pendant des milliards d'années.

La sonde Voyager 1 aux confins du système solaire (Nicolas Chateauneuf - France 2)

Une vie à tourner en rond

Avant d'être désactivé, le satellite Herschel a été placé sur une voie de garage, en orbite autour du soleil, afin de ne pas gêner d'autres satellites ni polluer l'espace proche de la Terre. Les vieux satellites se retrouvent souvent dans des zones éloignées. Libération indiquait, en 2008, que nombre de ces appareils qui tournent dans la banlieue terrestre sont "catapultés vers des orbites cimetières, loin de celles les plus utilisées, avec leurs derniers grammes de carburant".

D'autres continuent à tourner autour de la Terre. C'est le cas de Galex, qui devrait être en orbite au-dessus de nos têtes pendant encore 65 ans. Mais ce ne sont pas les seuls objets à tourner en rond. La Nasa suit à la trace quelque 22 000 débris de plus 10 cm flottant autour de la planète bleue, dont seulement un millier sont des satellites opérationnels.

Il y aurait même tellement d'objets autour de la Terre que les scientifiques envisageraient d'organiser des missions afin de les capturer. "Dans une dizaine d'années, des véhicules spatiaux pourraient aller directement capturer les satellites désactivés, à l'aide de filets ou de harpons", imaginait en 2011 Astrium, filiale du groupe spatial européen EADS, au quotidien régional Ouest-France.

Une vie de stock de pièces détachées

Les Etats-Unis veulent aller plus vite et plus loin. Ce n'est pas encore fait, mais ils envisagent de récupérer des éléments de vieux satellites. En effet, tout n'est pas à jeter sur les engins à la retraite. Panneaux solaires, antennes : de nombreuses pièces sont encore fonctionnelles. Par exemple, sur CoRot, seul un câble défectueux reliant les instruments d'observation et l'ordinateur de bord l'a mis hors d'usage. Tout le reste fonctionne, explique un spécialiste du Cnes à la Banque des savoirs.

Le programme de récupération développé par la Darpa (l'agence pour les projets de recherche avancée de défense américaine) s'appelle Phoenix, comme le mythique oiseau qui renaît de ses cendres, révèle Gizmodo. Concrètement, un satellite équipé de bras robotisés aura pour mission d'approcher les vieux appareils et de démonter les pièces intéressantes. En les réutilisant pour assembler de nouveaux satellites, les Etats-Unis espèrent réduire ainsi les coûts de leurs prochaines missions spatiales. Le premier test aura lieu en 2016. Voici une vidéo présentant le projet : 

Mais les engins qui gravitent au-dessus de nos têtes finissent souvent en poussière. Au bout de ses 65 années d'errance autour de la Terre, le satellite Galex doit tomber dans l'atmosphère et se désintégrer de lui-même à ce moment-là. Ce sera aussi le cas pour CoRoT. En septembre 2011, un spécialiste de l'Agence spatiale canadienne cité par La Presse recommandait de faire tomber les satellites plutôt que de les laisser en orbite. L'objectif est double : désengorger la banlieue de la Terre et réduire les risques de collisions entre les satellites fonctionnels et les débris des retraités.

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