Ce que l'on sait de la mission "Alpha", la prochaine aventure de Thomas Pesquet dans les étoiles
L'astronaute français doit s'envoler en mars 2021 vers la Station spatiale internationale afin de poursuivre des recherches scientifiques, notamment sur le vieillissement des cellules souches.
Thomas Pesquet va retourner dans l'espace. L'astronaute français se prépare à vivre une nouvelle aventure à bord de la Station spatiale internationale (ISS). L'idole des amateurs français d'astronomie s'est dit "très enthousiaste" à l'idée de décoller cette fois avec un vaisseau américain. Franceinfo vous résume ce qu'il faut savoir de cette nouvelle mission.
Quand doit-il décoller ?
La mission Alpha est programmée pour fin mars 2021, soit dans environ neuf mois. Thomas Pesquet doit s'envoler depuis Cap Canaveral en Floride, avec trois autres membres d'équipage, ses homologues américains Shane Kimbrough et Megan McArthur, ainsi que le Japonais Aki Hoshide. Ils sont tous vétérans, comme lui.
Le voyage dans l'espace du Français à bord de l'ISS est prévu pour durer environ six mois. L'équipage de l'ISS sera donc composé en moyenne de sept membres – au lieu de six, les capsules habitées américaines pouvant embarquer quatre personnes, soit une de plus que les Soyouz.
Quel est le but de la mission ?
Sur l'ISS, Thomas Pesquet va rejoindre des cosmonautes russes. "Je vais me retrouver avec trois ou quatre personnes avec qui j'ai déjà volé... C'est un peu la saison 2, avec les mêmes personnages, raconte-t-il à l'AFP. Mais, comme dans une série sur Netflix, il faut raconter une autre histoire." Or l'ISS, qui va célébrer 20 ans de présence humaine dans l'espace, peut "manquer de nouveauté".
Qu'importe, car "on est là pour faire de la science", rappelle-t-il, et l'ISS "a encore de l'avenir". "On n'a clairement pas fait le tour de la recherche, ajoute l'astronaute. L'ISS, c'est un laboratoire donnant accès à des phénomènes scientifiques inaccessibles sur Terre à cause de la gravité." Il embarquera ainsi en orbite des cellules souches de cerveau, pour étudier leur vieillissement accéléré dans l'espace. La mission permettra aussi de préparer des futures missions vers Mars et la Lune – pour laquelle il est candidat, "comme tous [s]es collègues".
S'il a le temps après ses longues journées de travail, il souhaite continuer "à parler d'environnement" au public, comme il l'avait fait durant son premier séjour en partageant ses photos de la Terre vue de là-haut, via les réseaux sociaux. "Mais je ne vais pas ouvrir de compte Tik Tok !", certifie-t-il.
Pourquoi le nom "Alpha" ?
Le nom se réfère à Alpha du Centaure, le système stellaire le plus proche de la Terre, dans le prolongement de Proxima, l'étoile de la même constellation. "Là où se trouvent les premières exoplanètes, celles qu'on ira chercher le jour où la technologie le permettra", ajoute Thomas Pesquet.
C'est aussi la première lettre de l'alphabet grec, le symbole de l'excellence que nous visons.
Thomas Pesquetà l'AFP
Le nom a été choisi parmi plus de 27 000 propositions lors d'un concours de l'ESA. Alpha était aussi l'appellation d'origine de la Station, dont il est toujours l'indicatif d'appel radio.
α
— Thomas Pesquet (@Thom_astro) July 28, 2020
Après Proxima : Alpha. Retour vers les étoiles et l'@Space_Station l'année prochaine, avec un nom de mission plein de symboles et un emblème magnifique. ✨ https://t.co/gYV6nvfuk2 #MissionAlpha pic.twitter.com/Ej0sb0AvKc
Comment va-t-il rejoindre l'ISS ?
Le spationaute français de 42 ans va embarquer à bord de la nouvelle capsule Crew Dragon de Space X. "J'aurai la chance d'être le premier Européen à voler sur ce véhicule. C'est nouveau, c'est moderne... on est très enthousiastes !", a confié l'astronaute de l'Agence spatiale européenne (ESA). Il y a trois ans, pour sa première mission "Proxima", le benjamin du corps européen des astronautes s'était envolé pour l'ISS avec une fusée russe Soyouz, depuis le cosmodrome Baïkonour, comme tous les pensionnaires de la Station depuis 2011.
Un monopole russe auquel a mis fin, en mai, le premier vol habité de la capsule privée de Space X vers l'ISS, avec deux astronautes de la Nasa à bord. "On va réutiliser la même capsule que celle qui est actuellement à bord de la Station, c'est inédit ! C'est marrant de partir dans l'espace avec le même véhicule mais pas en même temps", se réjouit l'astronaute.
Comment se prépare Thomas Pesquet ?
Thomas Pesquet se prépare actuellement au Centre européen des astronautes à Cologne, où il s'entraîne. Mais il s'est déjà entraîné sur les simulateurs chez SpaceX, la société d'Elon Musk basée en Californie. Dans le "cockpit futuriste" de Crew Dragon, doté à 100% d'écrans tactiles, "il ne reste plus qu'à installer l'application 'lancement' sur les tablettes géantes", a-t-il tweeté, enthousiaste.
Fin du suspense : c'est avec le Crew Dragon de SpaceX que je décollerai l'année prochaine ! L'entraînement a déjà débuté dans son cockpit futuriste... Il ne reste plus qu'à installer l'application "lancement" sur ces tablettes géantes ... pic.twitter.com/9CdIBO4bC0
— Thomas Pesquet (@Thom_astro) July 28, 2020
"Il faut bouleverser ses habitudes... mais on est là pour s'adapter !", commente l'ingénieur et pilote de ligne. Chez SpaceX, "tout est au même endroit, le centre de contrôle, les personnes qui construisent la fusée.... On a immédiatement réponse aux questions", apprécie-t-il.
Contrairement à Soyouz, un système "ancien mais fiable, qui tirait comme une horloge", cette nouvelle technologie en phase de développement implique un programme de vol "plus incertain", qui "nous a obligés à accélérer le reste de l'entraînement, calé sur un an au lieu de deux et demi". La crise du Covid-19 a aussi chamboulé le calendrier, et les déplacements sont réduits. Son entraînement au Japon n'aura ainsi lieu qu'en virtuel.
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