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Gérard D'Aboville part en fouille sous-marine en Grèce

A bord du Planet Solar, le plus grand bateau solaire au monde, le célèbre navigateur Gérard d’Aboville a entamé cette semaine une mission d’archéologie dans le Péloponnèse. Capitaine de l’immense catamaran, il est accompagné de scientifiques grecs et suisses. L'objectif du projet surnommé "TerraSubmersa" est d'explorer l’un des plus vieux sites occupé par l’homme en Europe.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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  (Le navigateur Gérard d'Aboville à bord du Planet Solar. © MaxPPP /)

Que cherchez-vous au large de la Grèce ?

 

Je suis à bord du catamaran Planet Solar qui est le plus grand bateau solaire au monde. C’est un bateau qui a déjà fait le tour du monde uniquement à l’énergie solaire et maintenant il est employé pour faire des missions scientifiques. Nous sommes actuellement au large de la Grèce et nous effectuons des sondages avec des instruments très perfectionnés pour faire de la cartographie. Nous sommes avec des scientifiques de l’université de Genève qui sont à la recherche de vestiges, des traces d’habitat préhistoriques.

 

C’est un endroit qui n’a jamais été exploré avant ?

 

Non. Il faut savoir que sur le littoral proche, il y a la grotte de Franchthi qui est assez connue des archéologues car elle aurait a été habitée pendant près de 20.000 ans. On sait qu’à l’époque, le niveau de la mer était plus bas d’une centaine de mètres donc on peut supposer que sur le plateau sous-marin, qui est en face de cette grotte, il y a eu pas mal de vie. On suppose également que sous l’eau, il y a encore des traces des vestiges.

Cela n’a jamais été exploré. De plus, la couche de sédiment fait que s’il y a quelque chose cela a été protégé par cette vase. Les instruments que nous avons à bord vont nous permettre de voir à travers cette vase et de faire de l’imagerie sous-marine en 3D.

 

Vous faites revivre ce village, aujourd’hui engloutie ?

 

Revivre c’est beaucoup dire. D’abord on espère trouver des traces du village, des traces d’habitat, des murets. Donc on quadrille cette baie. Ce sont les scientifiques qui nous donnent des points et les routes à suivre, et nous, notre travail c’est de naviguer le plus précisément possible. Après, en fonction de ce qu’ils auront trouvé, il y aura d’autres missions pour plonger, enlever la vase, voir ce qu’il y a dessous.

 

Quel est l’intérêt historique de ces recherches ?

 

Si l’on découvrait quelque chose, ce serait le village le plus ancien en Europe. C'est-à-dire qu’on est au moment où des populations commencent à se sédentariser. Elles commencent à s’installer, elles cultivent un peu, elles vont à la pèche.

 

De quand daterait ce village ?

 

De plus de 10.000 ans. Je pense qu’ils étaient plus organisés que l’on ne peut l’imaginer. On a trouvé des outils, des silex par exemple qui sont plus fins qu’une lame de rasoir. On a trouvé des perles qui étaient enfilées sur des colliers avec un petit trou au milieu qui fait moins de 2mm de diamètre. Imaginez l’outillage qu’il faut pour faire ça.

 

Le look futuriste de votre bateau, qui ressemble à un vaisseau spatial suscite-t-il dans la curiosité du public ?

 

Oui, partout. L’année dernière lorsque l’on était dans le port de Rabat, au Maroc, le commissaire de police était venu nous voir nous expliquant que certaines personnes avaient cru qu’un avion s’était posé dans la baie. C’est vrai que ce bateau a un look extraordinaire, on suscite évidemment l’intérêt. C’est d’ailleurs un petit peu délicat dans nos recherches parce que, parfois, les bateaux s’approchent pour nous voir de près donc on est obligés les appeler pour leur demander de faire un petit détour.

Mais son succès est intéressant aussi pour les recherches que nous effectuons. Cela permet aux scientifiques de communiquer autour de leurs travaux.

 

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