Les ados, cibles de cyberharcèlement
Au bout du
fil, une mère angoissée. Son fils ne voulait plus aller au collège, parlait de
se suicider. Elle a découvert qu’en réalité, il était devenu la "tête de
turc" de sa classe. Mais une "cyber-tête de turc". Une partie
de ses camarades, ou supposés comme tels, le brocardaient sur Facebook à cause de son
physique. Jour et nuit.
L’écoutant
de la plate-forme téléphonique Net Ecoute, gérée par l’association e-enfance, la
rassure. Lui explique qu’elle a fait le bon geste en conservant toutes les
traces écrites. Maintenant, il faut paramétrer le compte pour exclure les
harceleurs… et porter plainte.
Des cas
comme celui-ci, Netécoute en a géré des centaines l’an dernier. Mise en place
en 2008 grâce à un financement de la
Commission européenne, la plate-forme a traité 4.000 "contacts" l’an
dernier, dont 10% concernant des cas de cyberharcèlement. Le reste concernant
des problèmes d’argent, des contacts dangereux, des usurpations d’identités, ou
de simples demandes d’informations émanant du monde éducatif.
Depuis que
Facebook a fait son entrée dans la vie des adolescents, les cas de
cyberharcèlement ont augmenté. Facilité d’utilisation, difficulté à paramétrer
son compte et à maîtriser ses données, autant d’éléments qui expliquent que les
harceleurs apprécient ce réseau social, malgré les garde-fous existant.
Et quand un
ado est pris pour cible, le calvaire est permanent : "Dans le temps,
si un ado était pris comme tête de turc, il pouvait à la rigueur trouver un havre
de paix le soir dans sa chambre ", constate Dominique Delorme, responsable
de Net Ecoute. "Aujourd’hui, avec les ordinateurs et la téléphonie mobile
dans les chambres, c’est 24h sur 24 ".
Pas
question pour autant de priver les adolescents de l’outil de base de leur
génération. Il faut d’abord réprimer les dérives. Dominique Delorme constate
que la sanction officielle, pénale ou au sein de l’établissement scolaire, fait
généralement cesser le harcèlement. Mais avant de mettre en cause Internet, il
faut aussi éduquer les parents. "On a parfois l’impression que c’est une
nounou, l’ordinateur ", soupire une écoutante.** Les parents,
explique-t-elle, doivent se réinvestir dans les activités de leurs enfants et
s’intéresser à ce qu’ils font sur le net. Et suivre quelques règles
simples : pas d’ordinateur dans les chambres, seulement dans les pièces
communes, et pas d’accès à internet ou aux SMS le soir.
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