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Quatre questions sur la découverte d'eau liquide sur Mars

La Nasa a révélé, lundi, la présence d'eau sur la planète rouge. Une découverte majeure, qui pourrait relancer l'hypothèse de la présence d'une forme de vie.

Article rédigé par Elise Lambert
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Des traces d'écoulement d'eau sur la planète Mars, sur une photo d'archives publiée par la Nasa, le 27 septembre 2015. (NASA)

Depuis plusieurs jours, l'agence spatiale américaine (Nasa) faisait miroiter l'annonce d'une "découverte scientifique majeure" concernant la planète Mars. Et pour cause : les scientifiques américains ont révélé, lundi 28 septembre, qu'ils tiennent la première preuve de la présence d'eau liquide sur la planète rouge, autrement dit, l'un des ingrédients indispensables à la vie telle que nous la connaissons sur Terre.

Selon des travaux publiés par la revue Nature Geoscience (en anglais), réalisés à partir de données fournies par la mission pilotée par la Nasa, de l'eau à l'état liquide coule à la surface de Mars chaque été. Francetv info vous en dit plus sur cette révélation.

Comment cette découverte a-t-elle été faite ?

Cette découverte a été obtenue grâce aux images fournies par des observations d'une sonde de la Nasa, le "Mars Reconnaissance Orbiter". Ces images ont permis aux astronomes d'observer l'apparition furtive de formes géologiques très particulières, semblables à des zébrures, visibles sur certaines pentes de cratères, détaille Sciences et Avenir.

Des traces d'écoulement d'eau sur la planète Mars, sur une photo d'archives publiée par la Nasa, le 27 septembre 2015. (NASA)

Ces traces, observées pour la première fois en 2011, peuvent faire jusqu'à quelques centaines de mètres de long sur cinq mètres de large. Elles apparaissent seulement durant les saisons les moins froides de la planète rouge, quand le thermomètre est compris entre -23,15°C et -0,1°C. Elles s'allongent, puis disparaissent quand les températures rechutent.

Plusieurs hypothèses avaient été avancées jusque-là pour expliquer la formation de ces zébrures : elles pourraient être provoquées par un matériel volatil qui s'évaporerait avec la chaleur, par un flux de glace carbonique (du dioxyde de carbone sous forme solide), ou serait la preuve de remontée d'eau souterraine. Lundi, les scientifiques de la Nasa ont mis fin à ces interrogations : ces zébrures sont dues à des mouvements d'eau salée liquide à la surface de Mars.

Que contient cette eau ?

Les coulées découvertes seraient formées d'une solution aqueuse saturée en sel. "Nos derniers résultats confirment la présence de saumure, un mélange de sels et d'eau, à la surface de Mars, indique au Parisien la chercheuse française Marion Massé, co-auteure de l'étude. Nous avons découvert que des sels, les perchlorates, apparaissent tous les ans pendant la période d'activité des écoulements."

Image fournie par la Nasa montrant des traces d'écoulement d'eau à la surface de la planète Mars. (NASA)

Le perchlorate est un type de sel très absorbant, qui permet d'abaisser le point de congélation de l'eau. C'est pour cela que l'eau découverte sur Mars reste à l'état liquide malgré des températures plus froides. De plus, cette eau salée a une autre propriété : elle est beaucoup moins volatile que de l'eau pure, ce qui lui permet de rester plus longtemps dans l'atmosphère martienne sous forme liquide.

Cependant, la présence de cette eau salée est limitée : "Il faut être clair : nous n'avons pas vu l'eau couler. Il ne faut pas imaginer des ruisseaux. Il y a très, très peu d'eau", indique à francetv info le planétologue François Forget, directeur de recherches au CNRS, et spécialiste de Mars. 

Va-t-on pouvoir étudier cette eau ?

Cette découverte relance les recherches sur de possibles traces de vie sur Mars. Pourtant, il n'est pas certain que les futures études soient simples à réaliser, explique le magazine Popular Science (en anglais). Depuis 1967, le traité relatif à l'espace extra-atmosphérique (en anglais), rédigé par l'Organisation des nations unies (ONU), stipule qu'aucune technique scientifique ne doit causer de dommages, notamment de contaminations sur une planète.

Or, le matériel utilisé par les scientifiques dans l'espace est bien souvent "couvert de microbes", rappelle Popular Science. Même si chaque appareil subit un lavage intensif au préalable, à base de nettoyage chimique et de séchage, cela n'empêche pas certaines bactéries de résister.

En conséquence, le Comité de recherche sur l'espace (Cospar), un groupe de scientifiques international, a défini certaines zones sur Mars déconseillées à l'étude, dont font partie les fameuses zones où de l'eau a été découverte. De plus, le prochain appareil qui doit être envoyé sur Mars, en 2020, est interdit de visite dans ces zones, car la Nasa ne peut garantir qu'il soit suffisamment stérile, rappelle Libération. Il risque donc de contaminer l'eau martienne. Il n'est cependant pas exclu que Curiosity, le robot déjà présent sur Mars, qui est lui "plus propre" car dans une zone de la planète où toute forme de vie est impossible, dévie sa route dans les mois à venir, pour mieux approcher ces fameux écoulements d'eau.

Est-ce un signe que la vie est possible sur Mars ?

Cette découverte "rend possible une existence de la vie sur Mars", a assuré John Grunsfeld, administrateur adjoint de la Nasa, lors d'une conférence. Si la Nasa n'a encore rien trouvé, les scientifiques ont désormais un bon endroit pour effectuer ces recherches. "On pense que la vie a pu exister par le passé, mais on ne sait pas si c'est toujours le cas", ont ajouté les astronomes de l'agence.

En effet, la présence d'eau sous forme liquide est un des éléments nécessaires à l'apparition de la vie, mais elle ne suffit pas. Les scientifiques s'accordent à dire qu'une planète doit être rocheuse, avec une température équilibrée, une gravité suffisamment importante, et doit bénéficier d'une atmosphère et de marées, pour que la vie soit possible, ce dont ne bénéficie pas la planète Mars.

Les astronomes de la Nasa lors de la conférence de presse le 28 septembre 2015. (KEVIN DIETSCH / MAXPPP)

Dans tous les cas, la vie ne peut probablement exister que dans le sous-sol car la surface de la planète rouge est inhospitalière, avec notamment les rayonnements ultraviolets du soleil qui détruiraient toute forme de vie telle que nous la connaissons.

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