Une mère perd son bébé in utero : le parquet de Paris ouvre une enquête
L'accident n'a pas eu lieu dans une zone de désert médical mais en plein Paris, à la maternité de Port-Royal, qui dépend de l'hôpital Cochin.
Jeudi, un jeune couple parisien se présente dans l'établissement pour déclencher l'accouchement de la mère. Le rendez-vous avait été programmé de longue date mais au final, on leur demande de rentrer chez eux faute de place.
Devant les douleurs de la jeune femme, le couple aurait alors demandé d'accoucher dans une autre maternité. Proposition aussitôt refusée. La nuit suivante, la mère ne sent plus bouger son bébé et fonce aux urgences. Trop tard, le bébé est décédé in utero.
"Nous
pensons qu'il y avait des lits disponibles" (Le directeur)
"Lorsqu'une patiente se présente en urgence, il y a toujours de la place ", réagit Patrick Houssel directeur des hôpitaux-université Paris-Centre dont dépend la maternité Port-Royal. "Nous pensons également qu'il y avait des lits disponibles, et c'est ce que nous essayons de vérifier. Nous voulons savoir ce qui a amené le service à envoyer cette femme à son domicile ", ajoute-t-il.
"Il y a avait les effectifs normalement recquis par les tableaux de service. Nous allons vérifier que les personnes étaient bien à leur poste ", indique-t-il également. Le jour même, une enquête interne a été déclenchée par la direction de l'hôpital.
Selon le patron de la maternité, Dominique Cabrol, cité par Le Parisien, la maternité était en "saturation totale " ce jour-là. Mais l'examen de la patiente montrait un rythme "normal ", souligne-t-il. Or, le couple affirme avoir informé la maternité sur le fait que le bébé ne bougeait pas beaucoup.
Le couple porte plainte, la ministre de la Santé demande une étude "très rapide"
Le jeune couple a décidé de porter plainte et demande qu'une autopsie soit réalisée. Le parquet de Paris a ouvert une enquête.
La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a réagi : "J'ai demandé une enquête exceptionnelle, à la fois administrative et médicale, qui sera lancée dès lundi pour faire toute la lumière sur les circonstances de ce drame ". Elle a ensuite estimé que le parents "ont le droit à la vérité, il ont droit à une information transparente. C'est quelque chose à laquelle je veillerai ".
Même si elle sait qu'une enquête "complète " prend "du temps ", Marisol Touraine a demandé "une étude rapide, très rapide qui ait lieu lundi en 24h, 48h, entre les hôpitaux de Paris, l'Agence régionale de santé, et qui nous permette de comprendre ce qui s'est passé, vraiment ". La ministre de la Santé s'exprimait lundi matin sur France Info :
"Il y avait 1.350 maternités en 1974 et il en reste 535" (association nationale des médecins urgentistes)
Interrogé par France Info , le président de l'association des médecins urgentistes de France estime que ce drame illustre le manque de moyens dont souffre le secteur de la santé. Pour Patrick Pelloux, un chiffre parle de lui même : "Il y avait 1.350 maternités en 1974 et il en reste 535 ". Il pense que les gouvernements ont poursuivi une politique de fermeture des maternités alors que la France est un pays où la natalité est importante. "On est passé de la 7e à la 20e place en Europe sur la mortalité péri-natale ", rappelle-t-il.
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