Votre cerveau reconnaît votre odeur
Il paraît souvent difficile de reconnaître sa propre odeur. Des biologistes viennent cependant de montrer que notre cerveau faisait bien la différence.
Vous êtes dans le métro, le nez de votre voisin se pince légèrement et soudain, c'est l'angoisse : auriez-vous transpiré plus que de raison aujourd'hui ? Si l'on détecte aisément l'odeur de ceux qui nous entourent ou le parfum de nos proches, il n'est pas toujours facile de sentir notre propre odeur. Notre cerveau, lui, la connaît : des biologistes de l'institut Max Planck d'immunobiologie et épigénétique, à Fribourg, en Allemagne, le montrent dans une étude (en anglais) publiée mardi 23 janvier par la revue de l'Académie des sciences britannique.
La "clé" de reconnaissance est une combinaison de protéines appelée complexe majeur d'histocompatibilité (CMH), bien connu des immunologistes. Présentes à la surface de chaque cellule, elles permettent au corps de reconnaître celles qui lui appartiennent. Ce sont aussi elles qui conditionnent, par exemple, la compatibilité entre deux patients pour un don d'organes.
Pour le prouver, les chercheurs ont fait sentir à 19 femmes des solutions contenant différentes combinaisons de protéines CMH, dont une proche de la leur, puis ont suivi grâce à un appareil IRM la réaction de leur cerveau. "Une région du cerveau en particulier était activée seulement par les protéines qui ressemblaient à celles de la personne", explique Thomas Boehm, co-auteur de l'étude, au magazine Science (en anglais).
Nous préférons ceux dont l'odeur est différente de la nôtre
En 1995, une expérience du biologiste suisse Claus Wedekind, restée célèbre, avait montré, en faisant sentir à des femmes des T-shirts portés par des hommes différents, qu'elles étaient davantage attirées par ceux dont le complexe CMH était éloigné du leur. Mais le mécanisme de reconnaissance olfactive n'avait pas été mis en évidence dans le cerveau. L'expérience de l'institut Max Planck établit que le cerveau traite différemment les protéines proches des siennes des autres.
En revanche, il infirme une des autres hypothèses issue de l'expérience de Wedekind. "Après notre première expérience des T-shirts, j'avais l'impression que les personnes avaient des préférences entre les différents CMH", étant davantage attirées par ceux qui étaient les plus éloignés du leur, a expliqué Claude Wedekind après la publication de la nouvelle étude. En réalité, "il semble que les personnes font simplement la distinction entre le leur et les autres".
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