"L'Amour est dans le pré" accueille pour la première fois un agriculteur gay
L'émission de M6 va accueillir un candidat homosexuel, alors que l'homosexualité est difficile à vivre et assumer dans ce milieu professionnel, témoignent certains.
A la profession d'agriculteur est souvent accolée une conception traditionnelle de la masculinité et de la famille, qui fait que beaucoup appréhendent de vivre au grand jour leur homosexualité. Mais les temps changent. La preuve en est avec l'émission "L'Amour est dans le pré", dont la 10e saison démarre, lundi 5 janvier, sur M6 et qui va accueillir pour la première fois un agriculteur gay.
A la campagne, les clichés en matière d'orientation sexuelle ont la vie un peu plus dure qu'ailleurs. Selon un baromètre Cevipof-Ifop-ministèrde de l'Intérieur datant de 2006-2007, l'homosexualité est une pratique jugée "inacceptable" pour 47% des agriculteurs, contre seulement 21% pour les autres catégories socioprofessionnelles.
La question de la transmission patrimoniale
Pourquoi un tel décalage ? "Les métiers de l'agriculture sont liés à une certaine idée de la masculinité et à une certaine conception de la famille, et l'homosexualité vient troubler ces représentations", explique le sociologue François Purseigle. Cette question est liée notamment à une pierre angulaire des exploitations agricoles : la transmission patrimoniale.
"Le projet des parents est de transmettre à leurs enfants. Et pour des parents, le monde peut s'écrouler si ce passage de relais est compromis", témoigne Olivier Guitel, céréalier de 50 ans à Lommoye (Yvelines). Lui a attendu d'approcher la quarantaine pour assumer son homosexualité. Il était marié, père d'un garçon. Il en a parlé à sa mère, très inquiète du qu'en dira-t-on. Mais finalement, pas un mot de travers, jamais : "Je n'ai pas subi de moquerie directe, ni de malveillances."
Il ne faut pas se "taire", car "ça peut finir mal"
Finalement, la plus grande difficulté reste le chemin précédant l'annonce, confirme François Purseigle. Le sociologue a mené une enquête sur le sujet entre 2006 et 2010 et conduit une trentaine d'entretiens. "Beaucoup de situations de souffrance sont vécues avant l'installation. Certains s'interdisaient de vivre leur homosexualité à la ferme et sont partis en ville. Ils ne sont revenus, le cas échéant, qu'une fois en couple ou lorsque la reprise de la ferme était devenue urgente."
D'ailleurs, si Guillaume, l'éleveur de brebis en Auvergne de "L'Amour est dans le pré" avait un message à faire passer, ce serait celui-là, selon Virginie Matéo, la productrice de l'émission : "Aux jeunes ados, je pense qu'il voudrait dire que c'est quelque chose qu'il ne faut pas taire et que ça peut finir mal".
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