Après la mort de Chantal Sébire, les politiques attendus sur l'euthanasie
On ne connaît pas encore l'origine précise de son décès, on ne la connaîtra peut-être jamais - “l'apparence du corps ne présentait pas de particularité” a déclaré le procureur de la République de Dijon, qui s'interroge même sur l'opportunité ou non de pratiquer une autopsie. L'avocat de Chantal Sébire - qui est aussi l'avocat de l'asociation pour le droit de mourir dans la dignité - estime même qu'une autopsie serait honteuse.
Très présente dans le débat, l'ADMD milite depuis des années pour "le droit de mourir dans la dignité".
Voici donc relancé le débat sur l'euthanasie. Relancé une nouvelle fois, sans qu'il avance vraiment, d'ailleurs. Tout le monde se souvient aujourd'hui encore de la mort de Vincent Humbert, qui avait, lui aussi, demandé à mourir. C'est finalement sa mère, Marie, qui l'avait aidé en 2003. Ces derniers temps, Marie Humbert avait beaucoup soutenu Chantal Sébire.
Le débat sur l'euthanasie passera en tout cas, un jour ou l'autre, par l'Assemblée nationale, le lieu où sont discutées les lois.
_ Sauf qu'il est urgent d'attendre, estime son président. Et Bernard Accoyer d'expliquer : “je crois qu'il ne faut jamais légiférer dans la précipitation, dans la pression passionnelle, même si celle-ci est particulièrement douloureuse et émouvante. Comme président de l'Assemblée nationale, je ne sais pas s'il faut aller plus loin.”
C'est toute la question qui se pose aujourd'hui. Il existe déjà une loi, dite du droit au “laisser mourir”, que son auteur, le député Jean Leonetti doit justement évaluer ces temps-ci - à la demande de Matignon.
_ Le même député estime aujourd'hui que Chantal Sébire n'a pas demandé à la loi de s'appliquer. Pourtant, cette loi aurait pu, dit-il, “soulager ses souffrances, même au prix de raccourcir sa vie. Ce n'était pas son choix. Son choix était une demande de suicide.”
Bref, la loi Leonetti prévoit un droit au laisser mourir, mais pas à l'euthanasie active.
L'euthanasie, c'est ce que réclamait publiquement Chantal Sébire. Le droit à mourir - et non à laisser mourir. Et c'est sur cette question de société précise que le débat se cristallise. Aucune position officielle ne peut être avancée dans l'immédiat, chacun marche un peu sur des œufs.
_ Ainsi, la toute nouvelle secrétaire d'Etat à la Famille, Nadine Morano, explique qu'“à titre personnel”, elle est favorable à la création d'une commission nationale d'euthanasie.
C'est aussi l'opinion de Gaëtan Gorce. Le député socialiste avait participé à l'élaboration de la loi Leonetti, en 2005. Il estime lui aussi qu'il faut aller plus loin. A condition que cela reste exceptionnel.
Guillaume Gaven
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