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Bure, cette ZAD qui ne dit pas encore son nom

Depuis plus de deux semaines, une trentaine d'occupants s'est installée en forêt, près de Bure dans la Meuse, là où il est prévu de construire le futur site de stockage de nos déchets nucléaires les plus dangereux. Cela fait vingt ans qu'une poignée d'associations et d'habitants se battent contre le projet mais, aujourd'hui, ils sont rejoints par de nouveaux militants.
Article rédigé par Anne-Laure Barral
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Zone occupée illégalement par les opposants au projet Cigéo dans le bois de Mandres-en-Barrois près de Bure dans la Meuse © Anne-laure Barral/RADIO FRANCE)

Ils occupent illégalement un terrain de l'Agence nationale des déchets radioactifs (Andra) dans le bois de Mandres-en-Barrois, près de Bure dans la Meuse, depuis le 19 juin dernier. Une trentaine d'occupants veut empêcher la poursuite des travaux de Cigéo, ce projet d'enfouissement de déchets radiotoxiques prévu en 2025.

Ces opposants occupent leur journée au milieu de cette forêt d'érables et de charmes en construisant petit à petit une "zone à défendre" (ZAD), avec notamment un préau en bois recouvert d'une bâche en plastique et entouré d'une dizaine de tentes.

  (Les opposants au projet Cigéo dans le bois de Mandres-en-Barrois près de Bure dans la Meuse © Anne-Laure Barral/RADIO FRANCE)

L'un d'entre eux, qui a choisi de s'appeler Sylvestre, n'aime pas le terme zadiste. "On n’aime pas spécialement le terme ZAD, qui est une étiquette" , explique-t-il. Pourtant, les similitudes avec Sivens et Notre-Dame-des-Landes sont troublantes. Les campeurs ont, par exemple, installé des toilettes sèches et une douche en plein air. Chaque jour, ils plantent un arbre, là où l'Andra a défriché le bois de Mandres pour évaluer le terrain.

L'Agence nationale des déchets radioactifs est en charge du projet qui doit stocker à 500 mètres sous terre nos déchets nucléaires les plus dangereux. Les opposants ont détruit les barrières et les fils barbelé de l'Andra pour en faire des barricades. A tout moment, ces militants savent qu'ils peuvent être expulsés. "C’est inadmissible de toucher aux forêts" , tempête Guillaume, 27 ans, venu dans la région il y a un an pour faire des chantiers.

Militants antinucléaires et paysans locaux mobilisés

Parmi eux, des opposants historiques viennent régulièrement les soutenir pour empêcher leur expulsion, comme des agriculteurs proches de la Confédération paysanne ou du réseau Sortir du nucléaire. "On a tissé des liens depuis plus de 20 ans avec des réseaux nationaux et là nous avions besoin de renfort pour empêcher les travaux dans ce bois" , explique Régine Milarakis, de l’association Mirabelle et membre du collectif Bure Stop. Elle est aujourd’hui un peu lassée de voir que ses arguments contre le projet ne l'ont jamais empêché d'avancer.

Un débat s’installe entre ceux qui défendent la désobéissance civique d'un côté, et ceux qui crient au vandalisme et à la violence de l’autre. Les militants ont prévenu : ils reviendront occuper les lieux même s'ils se font expulser.

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