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Colonie fermée : "Vacances éducatives" met en cause le directeur

Finies les vacances pour une centaine de jeunes accueillis dans le centre de Pommerit-Jaudy dans les Côtes d'Armor. La préfecture a décidé la fermeture de ce site en raison "d'un certain nombre d'incidents". L'organisme organisateur, "Vacances éducatives" qui juge cet arrêté "bien excessif" se défausse en accusant le directeur. Et les adolescents sont en train de regagner leur foyer.
Article rédigé par Sylvie Johnsson
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Maxppp)

"Les jolies colonies de vacances ", chantait en 1966 Pierre Perret. Pourtant, pas sûr que les jeunes adolescents envoyés par leurs parents dans une colonie "Vacances éducatives " près de Pommerit-Jaudy (Côtes-d'Armor) aient aujourd'hui très envie de chantonner "Merci papa, merci maman ! ".

Et pour cause : avec quatre adolescents à l'hôpital et une poignée d'autres "en rebellion ", la préfecture des Côtes-d'Armor a pris mercredi 14 août la décision de fermer le centre et de renvoyer tout ce petit monde chez lui.

"Il y avait une absence de projet
éducatif, des problèmes d'encadrement, certains jeunes se sont trouvés livrés à
eux-mêmes, une jeune fille a été hospitalisée suite à une bousculad
e", a
énuméré Gilles Quénéhervé, le directeur de cabinet du préfet. L'adolescente souffrirait d'un traumatisme crânien, et a été accompagnée aux urgences par trois de ses camarades. A ce bilan déjà impressionnant, il faut
ajouter la mixité des adolescents - y compris dans les douches - et un problème de tabagisme.

Autrement dit, ce qui s'est passé dans les Côtes-d'Armor se situait bien loin de ce que proposait la société "Vacances éducatives " sur son site internet : pour 710 euros par semaines (1.245 les trois semaines estivales), l'organisme promettait à des élèves de 4e, de 3e et du lycée "l'épanouissement
de la personnalité
", "*l'exercice de la citoyenneté"

  • et " l'assimilation des règles sociales".

"De la publicité mensongère !"

*Cinq jours après la fermeture du centre, si certains parents sont venus chercher leurs enfants, une cinquantaine d'adolescents étaient toujours présents sur place. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le climat reste très tendu, comme a pu le constater lundi France Bleu Armorique . Lorsqu'un jeune homme tente de dénoncer de "la publicité mensongère " au micro de Johan Moison, des moniteurs s'interposent pour l'empêcher de s'exprimer. Ambiance.*

Les autorités locale espèrent que les derniers jeunes seront évacués mardi matin au plus tard.

Un directeur "très permissif " ?

"Il s'est avéré très
vite, dès la première semaine que ce directeur était très permissif. Il
n'appliquait aucunement les directives de Vacances éducatives
", a affirmé Trinidad
Gonzalvez, le fondateur et directeur général de cet organisme. Et il assure qu'il a "très vite " limogé ce directeur.

Mais le directeur accuse lui l'organisme
de mensonges : "Les prestations n'étaient pas
à la hauteur. Un tiers de la plaquette éditée par Vacances
Educatives était mensongère. L'organisme m'avait donné 300 euros de
budget pour les 21 jours du séjour et je n'avais pas pu recruter les animateurs.
Je ne conteste pas les dysfonctionnements relevés par la DDCS, je leur avais
même écrit pour les exposer", 
a-t-il expliqué sur France 3.

Sur les 14 membres que comptait l'équipe d'encadrement, seule la moitié était chargée de la surveillance des jeunes, les autres s'occupant de la partie éducative du séjour. "Avec les repos, cela faisait cinq surveillants pour 80 jeunes ", a constaté lors d'un déplacement sur place mi-août Bertrand Rigolot, le directeur départemental de la cohésion sociale. Dépassés, les surveillants ont finalement renoncé à faire appliquer la discipline, laissant les jeunes fumer à l'intérieur des bâtiments ou s'auto-médiquer.

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