Journée des mémoires de l'esclavage : "Fouettés, pas nourris, séparés, traités comme des animaux... C'est choquant"
Des collégiens polynésiens et des lycéens d'Aix-en-Provence ont participé lundi à la cérémonie, présidée par Emmanuel Macron, pour la Journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leurs abolitions, marquée cette année par les 20 ans de la loi Taubira de 2001.
Ils sont venus de très loin, notamment de la Polynésie, comme le rappellent leurs chemises noires décorées d'une fleur de tiaré. Et c'est avec une grande fierté que Tehau Van Bastolaer et Teamanui Goulard ont slammé à la tribune leur texte sur l'esclavage, fruit d'un travail collectif mené avec leur professeur de français. "Ton corps noir n'est que cicatrices blanches et ta vie n'est qu'obstacles et branches."
Pour ces collégiens, il est essentiel que cette page d'histoire soit davantage enseignée à l'école. "J'ai appris beaucoup de choses grâce à l'école, avance l'un d'eux. Je ne savais pas qu'ils étaient traités comme des animaux on va dire. Ils sont fouettés, pas nourris, c'est ça l'esclavage. Ils viennent te chercher et tu peux être séparé de ton frère ou même de ton enfant, c'est choquant."
C'est d'autant plus vrai, estiment Lucie et Salomé, deux élèves de seconde professionnelle d'un lycée de Gironde, que plus de 170 ans après son abolition, les effets de l'esclavage sont toujours visibles dans la société française. "C'est vrai qu'il y a encore du racisme et je pense que c'est la continuité de ce qui s'est passé, de ce que nos ancêtres ont fait par rapport à l'esclavage, explique Lucie. Forcément que ça a joué parce que si maintenant on fait des différences, c'est qu'à un moment donné on a estimé que le noir allait être inférieur au blanc."
"Il y a toujours cette injustice. Mais je suis contente d'être dans une génération où tout le monde en parle, où les réseaux existent, où tout circule."
Saloméà franceinfo
Après les mots des élèves, le verbe puissant de Christiane Taubira(Nouvelle fenêtre) a résonné sous les arbres du jardin du Luxembourg avec la lecture d'extraits de son discours prononcé devant l'Assemblée nationale en 1999, lors de l'examen de sa proposition de loi : "Cette inscription dans la loi. Cette parole forte, sans ambiguïté. Cette parole officielle et durable constitue une réparation symbolique. La première."
Le silence d'Emmanuel Macron
Les mots de l'ancienne ministre de la Justice et le silence d'Emmanuel Macron. Il a déposé une gerbe de fleurs et il n'y a pas eu de discours cette fois, ce que regrette Jacques Martial, conseiller sur les Outre-mer auprès de la maire de Paris. "Effectivement, j'avais pensé qu'il y avait un discours du président de la République. Il n'y en a pas eu, ça m'a surpris", regrette-t-il. L'ancien président du Mémorial ACTe en Guadeloupe espère que le projet – pour l'instant entre parenthèses – du Mémorial aux victimes de l'esclavage dans les jardins des Tuileries, promis par le président, verra bien le jour.
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