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Continental propose de doubler l'indemnité de licenciement

Le fabriquant de pneus allemand Continental a proposé aux salariés de son site de Clairoix, dans l'Oise, de doubler leur indemnité de licenciement. Continental espère ainsi désamorcer la polémique autour de sa décision de fermer l'usine, en licenciant 1.120 salariés.
Article rédigé par franceinfo
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Ils doublent la mise. Pour voir. Le plan social à la mode Continental prend des allures de poker géant. Pas sûr que les 1.120 salariés du site de Clairoix, dans l'Oise, dont la fermeture est annoncée l'an prochain, apprécient. Ce que la direction a décidé de doubler, ce sont les indemnités légales de licenciement, qui doivent être versées à chaque salarié.
_ Le vice-président du groupe, Bernhard Trilken a rappelé que le minimum était de 0,3 mois de salaire par année travaillée. “On a doublé la base légale”'', a-t-il déclaré. La proposition sur la table était donc de 0,6 mois par année travaillée.

La direction de Continental jure avoir “respecté les procédures légales” en annonçant la fermeture du site aux salariés. Elle assure avoir “réuni de façon informelle les membres du comité central d'entreprise (CCE) et les délégués syndicaux centraux" mercredi, avant l'annonce publique” et un Comité central d'entreprise doit avoir lieu le 31 mars.
Ce matin, le secrétaire d'Etat à l'Emploi, Laurent Wauquier, avait accusé la firme d'avoir agi “sans aucun respect des règles d'information des salariés” et qu'ils auront “raison” de porter plainte.
Nicolas Sarkozy, en voyage en Allemagne, est revenu sur “l'émotion” provoquée en France et en Allemagne par la fermeture d'un site dans chaque pays et a prévenu que la France veillerait “au respect de la parole donnée ”, sans préciser ce qu'il entendait par là.

Continental affirme même “vouloir travailler avec les autorités nationales” et locales pour trouver des solutions de reclassement et maintenir une activité sur le site qu'elle quitte. Bernhard Trilken évoque un centre logistique, un centre de livraison e-business, un pôle d'activité axé sur le transport vert ou un site de production d'infrastructures de communication ou de support aux énergies renouvelables, sans préciser la nature de la coopération qu'apporterait l'équipementier automobile.
_ Et en plus du doublement de l'indemnité de licenciement, il promet une aide aux départs volontaires et au moins deux propositions de reclassement par salarié.

Usine en grève

Mais les salariés en question ne semblent pas vouloir se satisfaire de ces promesses. Le vice-président a bien reconnu que la division "pneus tourisme et camionnettes" (PLT) de Continental, à laquelle appartient l'usine française, “fait des bénéfices”. Mais le groupe a essuyé une perte nette de 1,12 milliard d'euros en 2008 et “les ventes sont catastrophiques” depuis début 2009. Il souligne que toutes les usines du groupe sont soumises à des mesures de réduction d'activité (temps de travail et salaires).

Seulement, à Clairoix, ce type de mesure d'adaptation a déjà été consenti par les salariés. En 2007, ils ont accepté un retour aux 40 h hebdomadaires, qui devait pérenniser le site. C'est donc avec le sentiment d'avoir été trahis qu'ils ont cessé le travail aujourd'hui. Face à cette colère, le groupe explique qu'il ne pouvait pas prévoir la mauvaise conjoncture économique. Argument qui semblera sans doute un peu léger aux salariés, qui envisagent donc un recours en justice.

Grégoire Lecalot, avec agences

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