Discrimination à l’embauche : "La discrimination passe surtout au moment de l’entretien d’embauche", explique un économiste
Pour Stéphane Carcillo, chef de la division Emploi et Revenus de l’OCDE et chercheur associé à Sciences Po, les différents testings sur CV montrent qu’il existe une forte différence dans les chances d'être contacté par un employeur lorsque figure sur un CV un nom à consonance maghrébine ou africaine.
Epinglées en février pour "présomption de discrimination à l’embauche", sept grandes entreprises françaises sont convoquées par le gouvernement pour suivre une formation. "La discrimination se passe surtout au moment de l'entretien d'embauche", explique vendredi 19 juin Stéphane Carcillo, chef de la division Emploi et Revenus de l’OCDE et chercheur associé à Sciences Po. Pour l’économiste, "les différents testings sur CV dont on dispose, pas seulement dans les grandes entreprises, mais à plus grande échelle sur le territoire, montrent qu’il y a une très forte différence dans les chances d'être contacté par un employeur lorsque sur le CV on a un nom à consonance, par exemple maghrébine ou africaine".
20% de taux de rappel en moins
Il estime que "cela peut aller bien au-delà de 20% de taux de rappel en moins pour les personnes issues de l'immigration ou de minorités ethniques". Pour lutter contre ces discriminations, Stéphane Carcillo qualifie d’"importantes" les formations proposées notamment par le gouvernement. "On peut y prendre conscience des biais inconscients que l'on a", selon l'économiste.
Même si on est très intentionné, même si on pense qu'il n'y a aucun racisme en nous, on peut inconsciemment associer des éléments, des choses négatives à des noms à consonance étrangère ou à des groupes particuliers.
Stéphane Carcilloà franceinfo
Pour lutter contre cela, "il faut faire des tests d'associations implicites, ça se fait en une demi-heure, on peut aussi apprendre des procédures et des méthodes pour gérer les entretiens d'embauche, avoir un protocole de questions précises, des intervieweurs qui sont toujours les mêmes".
Air France, Accor Hôtels, Renault, Altran, Arkéma, Rexel et Sopra Steria avaient été épinglées après une campagne du gouvernement sur le principe du "name and shame", consistant à révéler les noms pour dénoncer. "Cela relève d'une bonne méthode", salue Stéphane Carcillo qui plaide cela dit pour "du name and praise, c'est-à-dire pointer du doigt ceux qui font bien". "Beaucoup d'entreprises ont mis en place des protocoles, essaient vraiment de limiter au maximum la discrimination chez elles et promeuvent la diversité et il faut arriver à mettre cela en évidence", réclame-t-il.
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