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Des parents d'élèves mobilisés... contre les bonnes affaires de Pietragalla

Marie-Claude Pietragalla, l'une des danseuses françaises les plus connues au coeur d'une polémique à Bagnolet, en Seine-saint-Denis. Elle y loue des locaux à la mairie pour une somme modique, locaux qui sont sous-loués à des compagnies de danse dans le cadre d'une activité commerciale. Mais à côté se trouve une école qui elle, manque de place. Les parents d'élèves se mobilisent.
Article rédigé par Mathilde Lemaire
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
  (La chorégraphe Marie-Claude Pietragalla est pointée du doigt par les parents d'élèves de l'école Jules-Ferry de Bagnolet, qui jugent l'occupation de ses locaux abusive.   © DR)

C'est l'une des plus grandes danseuses françaises, une chorégraphe célèbre, jurée, depuis trois ans, de "Danse avec les stars" sur TF1. Mais à Bagnolet, en Seine-saint-Denis, Marie-Claude Pietragalla ne fait pas l'unanimité, comme vous le révèle France Info. La danseuse occupe en effet depuis six ans avec sa compagnie des locaux de la ville de Bagnolet pour une somme modique. Le problème c'est qu'elle les sous-loue à différentes compagnies et écoles de danse. Une vraie activité commerciale.

 

Des parents d'élèves mobilisés... contre les bonnes affaires de Marie-Claude Pietragalla - Mathilde Lemaire avec Alexis Morel

Ecole à l'étroit

Les parents d'élèves de l'école voisine, l'école Jules-Ferry, dénoncent cette situation. Car les enfants sont très, très à l'étroit. Une classe est même installée dans un Algeco dans la cour. La cantine est si petite que l'on doit y faire trois services de vingt minutes le midi. Le goûter, les jours de pluie, se prend dans les couloirs.

  (Des parents d'élèves de l'école Jules-Ferry, mobilisés pour récupérer les locaux loués par Marie-Claude Pietragalla © DR)

Alors forcément quand les parents d'élèves lèvent le nez et voient au bout de la cour le bâtiment de 400 mètres carré sur trois étages, propriété de la mairie et occupé par la compagnie de Marie-Claude Pietragalla, ils sont ulcérés. Verena von Derschau a deux enfants en CP et CM1 : "Il n'y a pas de préau, il n'y a pas vraiment de salle de sport, la bibliothèque ne peut pas accueillir plus d'une dizaine d'enfants. Donc on demande un espace où les enfants puissent bouger. Cet espace a été promis à plusieurs reprises par l'actuel maire de Bagnolet au cours de la campagne municipale et aussi lors de réunions publiques où le maire a bien redit que la dénonciation du bail de Mme Pietragalla était partie ou allait partir et que ces locaux seraient attribués à des espaces collectifs de l'école à partir de la rentrée 2015 ".

"On préfère continuer à louer à un opérateur privé qui fait de l'argent grâce à ces locaux municipaux "

Cette maman, voyant la promesse  en train de s'envoler, vient de lancer une pétition. Pétition qu'Emmanuel Nicolas, délégué FCPE s'est empressé de signer. Son petit garçon est à la maternelle. Ce papa va encore plus loin et dénonce un scandale Pietragalla : "C’est clairement affiché sur le site internet de Madame Pietragalla. Il y a les tarifs, les forfaits à l’heure, à la demi-journée, la journée pour des locations pour des cours de danse. Le site se propose même d’accueillir des événements des défilés et des shootings photos.  Sachant que Bagnolet est une ville très endettée et que cette ville a des problèmes de moyens, ça me pose problème parce que pour une fois, il y a un équipement existant qui ne demanderait pas beaucoup d'investissements pour bénéficier aux enfants. Mais on préfère continuer à le louer à un opérateur privé qui fait de l'argent grâce à ces locaux municipaux ".

Un véritable business

La compagnie de Marie-Claude Pietragalla et de son compagnon est effectivement une société privée, commerciale : une SARL. Le chiffre d'affaires l'an passé se monte à près de 900.000 euros. Et la société a fait plusieurs dizaines de milliers d'euros de bénéfices depuis qu'elle est installée là.

Dans la colonne recettes entre autres donc, les sous-locations à différentes compagnies extérieures, à différents professeurs  - des affichettes en témoignent sur la porte - il y a des cours privés de danse orientale, danse indienne, danse classique etc.

1.000 euros par mois pour 400 mètres carrés

Dans la colonne dépenses : il y a  le loyer payé à la mairie. Modique donc : 1.000 euros par mois pour 400 mètres carré. On est dix fois en dessous du prix du marché. Julien Derouault le compagnon de Marie-Claude Pietragalla et directeur artistique de la société se justifie : "On a fait 200.000 euros de travaux et maintenant les locaux commencent à être dans de bonnes conditions et ça crée une activité économique et culturelle. On a à peu près entre 400 et 500 personnes par semaine. Ce sont des locaux qui prennent la pleine mesure de leur activité. Nous avons reçu la mairie pour mettre en place des liens plus serrés avec la ville ". Mais jamais la mairie n'a dit à la société de la danseuse de partir, explique-t-il.

Embarras à la mairie

Le maire socialiste, Tony di Martino, élu depuis le printemps, est assez embarrassé. Il explique qu'il hérite d'une situation créée par son prédécesseur communiste, accusé de clientélisme et mis en cause dans plusieurs affaires. Mais le nouveau maire avait promis durant la campagne que ces locaux reviendraient au plus vite à l'école Jules-Ferry. Un édile pas très clair aujourd'hui dans ses explications : "Nous analysons les besoins et nous cherchons les solutions. Nous sommes en train de travailler avec nos services. Il nous fallait voir de quels moyens financiers nous disposions, quels étaient les besoins de l'école et il nous fallait procéder par ordre. Je sais qu'elle loue ces locaux, qu'elle accueille des compagnies. La question a été posée à Mme Pietragalla, qui nous a répondu qu'elle investissait beaucoup ".

Le maire  finit par assurer que son objectif est toujours de faire partir la chorégraphe et son entreprise. Mais dans les faits, aucune démarche n'a été entamée en ce sens. Tout indique que la compagnie de danse va pouvoir poursuivre ses activités au moins quelques temps. Peu de chance que les écoliers de Jules Ferry puissent profiter des lieux à la prochaine rentrée.

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