Divorce, liturgie, laïcité: Benoît XVI prône la fermeté
Devant 150.000 fidèles réunis ce matin à Lourdes pour une messe en plein air, le pape a soigneusement évité les sujets de société les plus sensibles. Sur fond de crise drastique des vocation, il a renouvelé son appel déjà lancé la veille à Paris à la jeunesse, avec la célèbre apostrophe de son prédécesseur Jean Paul II: "N'ayez pas peur!", pour inviter les fidèles à davantage d'engagement. Changement de ton cet après-midi, lors d'une rencontre à huis clos avec 170 évêques et cardinaux dans une salle des sanctuaires. Benoît XVI a précisé ses vues sur les questions de société et a fermement rappelé à ses "lieutenants" les dogmes contre la "permissivité morale".
Abordant "la question douloureuse (...) des divorcés remariés", qui sont interdits de communion pendant la messe conformément au droit canon, le pape a refusé toute ouverture de l'Eglise, rappelant "fermement le principe de l'indissolubilité du mariage". Mais il a souhaité que l'Eglise entoure "de la plus grande affection ceux et celles qui ne parviennent pas à respecter" ce principe.
Sur le problème de la famille, qui constitue selon lui "une urgence particulière", le souverain pontife a regretté que "des lois ont relativisé en différents pays sa nature de cellule primordiale de la société", soulignant que la famille est "le socle sur lequel repose toute la société".
Benoît XVI a également évoqué une question particulièrement sensible en France, celle de la libéralisation de la messe en latin. Il a appelé les catholiques à "à la pacification des esprits" et à "l'unité", tout en justifiant sa décision de réhabiliter cette liturgie, accueillie avec réserve par une partie de l'Eglise de France car interprétée comme une main tendue aux traditionalistes et aux intégristes, qui rejettent les évolutions du concile Vatican II. "Nul n'est de trop dans l'Eglise. Chacun, sans exception, doit pouvoir s'y sentir chez lui, et jamais rejeté", a insisté le pape.
Dernier sujet abordé par le souverain pontife : le thème délicat de la laïcité, déjà évoqué à l'Elysée devant le président Nicolas Sarkozy. "L'Eglise ne revendique pas la place de l'Etat. Elle ne veut pas se substituer à lui", a-t-il dit, prenant soin de souligner que le Vatican "désirait respecter" l'"originalité de la situation française". Il a néanmoins plaidé pour "la mise en évidence des racines chrétiennes de la France (qui) permettra à chacun des habitants de ce pays de mieux comprendre d'où il vient et où il va".
Ce soir, le pape doit participer à une procession eucharistique. Demain matin, il visitera l'oratoire de l'hôpital de Lourdes pour une onction aux malades, avant une nouvelle messe. Une ultime visite est prévue à l'hôpital de Tarbes, ce qui pourrait donner lieu à une intervention sur les questions de bioéthique.
Anne Jocteur Monrozier, avec agences
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