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Drogue: les salles d'injection toujours pas prévues en France

Les défenseurs des salles de consommation supervisées de drogue, accompagnés de la prix Nobel de médecine Françoise Barré-Sinoussi, ont exposé cet après-midi à Matignon leurs arguments, une semaine après la fin de non-recevoir de l'exécutif sur cette question.
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Reçues par le directeur de cabinet de François Fillon, Jean-Paul Faugère, les associations ont regretté à l'issue de la réunion, qui a duré une heure, que leur interlocuteur soit resté sur une opposition de principe.
“Il va réétudier le dossier avec le Premier ministre mais il apparaît qu'on n'est pas d'accord”, a déclaré Pierre Chappard, coordonnateur du “Collectif du 19 mai” qui regroupe Asud, Act Up, Anitea, SOS Hépatites, Safe, Gaïa, alledeconsommation.fr.
“On espère pouvoir retomber sur quelque chose de raisonnable, on voulait lever un certain nombre de quiproquos”, a ajouté Jean-Pierre Couteron, président de l'Anitea (intervenants en toxicomanie et addictologie), se disant “surpris” de constater “la vision simplificatrice et un peu naïve” de Matignon sur ce
problème.

_ Françoise Barré-Sinoussi, qui avait identifié le virus du sida en 1983 avec le Pr Luc Montagnier, était venue apporter une caution scientifique aux arguments des associations de réduction des risques.“J'ai l'impression que les données scientifiques publiées dans les pays où existent des salles de consommation ne comptent pas”, a-t-elle regretté, soulignant qu'“on nous a beaucoup parlé de convictions alors que moi, je parle de données scientifiques”.

_ Des salles de consommation existent dans plus de 45 villes de 8 pays, essentiellement européens (Allemagne, Pays-Bas, Luxembourg, Espagne, Norvège, Suisse, Canada et Australie), destinés aux toxicomanes les plus précarisés et en dehors de tout dispositif de soins, c'est à dire une minorité.

_ Selon les estimations des associations de terrain, Paris compterait entre 500 et 1.500 usagers de drogue potentiellement concernés, un petit millier à Marseille.
“Des gens sont tombés, on veut pouvoir les relever avant de les faire marcher. Et là ils (les opposants aux salles de consommation,) nous demandent de les faire marcher directement”, a expliqué M. Couteron. Ces salles sont “une porte d'entrée vers le soin”, a-t-il souligné.

Une courte majorité des Français pour les “salles de shoot”

Dans un sondage Ifop pour La lettre de l'Opinion, rendu public aujourd'hui, 53% des Français sont favorables à l'ouverture de salles de consommation supervisées pour usagers de drogue.
Dans le détail, 11% sont “très favorables” et 42% “plutôt favorables”,
tandis que parmi les 47% d'opposants, 23% y sont “plutôt opposés” et 24%“ très
opposés”.

Mikaël Roparz, avec agences

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