Drogue : les opérations "place nette" annoncées par Emmanuel Macron ne feront "pas disparaître les trafics", estime un spécialiste
Lors de sa conférence de presse mardi soir, Emmanuel Macron a annoncé toute une batterie de mesures visant au "réarmement" de la France. Le chef de l'État veut notamment "accroître le rythme" d'opérations "place nette" contre le trafic de drogue, pour atteindre dix opérations par semaine. Mercredi 17 janvier sur franceinfo, Mathieu Zagrodzki, chercheur associé au Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (CESDIP), explique que ces opérations peuvent aussi "être qualifiées d'opération coup de poing" car elles consistent à "aller harceler les dealers".
Concrètement, "il s'agit d'aller dans les halls d'immeubles pour évincer d'éventuels trafiquants" ou encore "inspecter les caves et les parties communes". Ce spécialiste des questions de Sécurité intérieure précise ainsi que ces "opérations offensives" sont actuellement "menées conjointement avec les bailleurs ou transporteurs" et "sur réquisition du parquet". Elles n'ont donc, selon lui, "rien de nouveau". Mathieu Zagrodzki considère que la seule nouveauté réside dans la volonté du chef de l'État de "comptabiliser" ce qui jusqu'ici était décidé seulement sur "l'initiative de la hiérarchie locale".
L'action policière seule ne peut pas suffire
Mathieu Zagrodzki affirme que la France "a les moyens [humains] de faire dix opérations de ce type par semaine". Mais il insiste sur la "question de son efficacité". D'abord, parce que mener ces opérations va se faire, selon lui, "au détriment d'autres activités" des forces de l'ordre. Ce chercheur spécialiste des questions de Sécurité intérieure s'interroge également sur "le caractère durable de ce type de mesures". S'il reconnaît qu'elles permettront des "résultats à court terme" en instaurant "temporairement une forme de tranquillité", il soutient que "ce n'est pas pour autant que le trafic va disparaître durablement". "Ces opérations n'ont pas résolu la question des trafics ni la question de l'occupation illicite de certains espaces, de certaines parties communes d'immeubles", insiste Mathieu Zagrodzki. Il estime en outre que "la seule action policière ne peut pas lutter" contre la drogue. "Ce n'est pas qu'une question de sécurité, c'est aussi une question de santé publique", ajoute-t-il.
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