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Féminisme, harcèlement, vie privée... François Hollande parle aux femmes dans "Elle"

Pour la Journée de la femme, le président a accordé une interview à l'hebdomadaire féminin. Francetv info résume ses principales déclarations. 

Article rédigé par franceinfo
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François Hollande, lors d'une conférence de presse à l'Elysée, à Paris, le 2 mars 2016.  (PHILIPPE WOJAZER / REUTERS)

François Hollande s'adresse aux femmes. A l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, qui aura lieu le 8 mars, le président de la République accorde un long entretien au magazine Elle, dans son édition datée du vendredi 4 mars. De l'intitulé du ministère de la Famille et des Droits des femmes à l'éducation de ses enfants aux côtés de Ségolène Royal, en passant par les agressions sexuelles à Cologne (Allemagne), le chef de l'Etat esquisse sa vision de la place des femmes dans sa vie.

A la question "Vous considérez-vous comme étant féministe ?" Le président répond : "Comment prétendre vouloir l'égalité sans, au préalable, affirmer celle entre les femmes et les hommes ? Je suis donc féministe ! Et toujours socialiste." Voici ce qu'il faut retenir de son interview. 

Sur le ministère de la Famille

A l'occasion du dernier remaniement, le 11 février, Laurence Rossignol a été nommée ministre de la Famille, de l'Enfance et des Droits des femmes. Un intitulé qui a eu du mal à passer chez les féministes. Redoutant un "retour aux années 1950", elles estiment que cela enferme les femmes dans un "rôle d'épouse et de mère". 

"Parce que la famille, ce serait de droite alors que nous espérons tous en fonder une ? interroge le chef de l'Etat. Ce serait une valeur réactionnaire au prétexte que Pétain l'a mise dans une devise lors d'une période de déshonneur ? Pourquoi laisserions-nous aux conservateurs ce thème de la famille dans ce qu'il a plus de beau : la possibilité de faire des enfants ou d'en adopter, puis de les éduquer ?"

Toutefois, François Hollande annonce son intention de changer l'intitulé du ministère de la Famille en faveur de "ministère des Familles", dit-il, "afin de les reconnaître toutes, les recomposées, les mono-parentales, de même sexe. Ce qui est réactionnaire, c'est de considérer qu'un seul et unique modèle familial".

Sur les agressions sexuelles à Cologne 

Interrogé sur les centaines d'agressions sexuelles dans la nuit du Nouvel an à Cologne (Allemagne), François Hollande estime que "Cologne a été un choc". "Tout cela a causé une émotion considérable, mais a servi de révélateur. Les agressions sexuelles sont toujours découvertes tardivement, même quand elles sont massives : le sentiment de honte s'ajoute à au scepticisme et à l'indifférence", poursuit le président. "A Cologne, la gêne était d'autant plus grande que les auteurs pouvaient être des réfugiés. Or, le respect de la femme est un principe absolu."

Sur le harcèlement 

Dans cette interview, François Hollande juge le harcèlement dont les femmes sont victimes "scandaleusement banalisé". Les harcèlements verbaux ou physiques que subissent les femmes représentent "un phénomène de masse qui doit être regardé en face car il atteint les principes mêmes de la vie en commun", explique le président de la République.  

"Aucune femme ne doit rester seule face au harcèlement, d'où qu'il vienne au bureau, dans la rue ou dans un train. Aucun geste ne doit rester sans réponse", ajoute François Hollande avant d'annoncer que de "nouvelles initiatives" vont être prises par la ministre Laurence Rossignol. "Nous allons faciliter les dépôts de plainte", assure-t-il, "et s'il faut changer la loi pour que des sanctions soient effectivement prononcées, j'y suis prêt"

Selon lui, le harcèlement est "une atteinte à la liberté" de mouvement et d'expression, "une violation sournoise des droits les plus fondamentaux des femmes".

Sur le partage des tâches dans la famille

"Quel genre de père étiez-vous quand vos enfants étaient petits ?" questionne Elle. "J'ai essayé, autant que possible, d'être présent. Je faisais les courses ou la cuisine. Je m'occupais des enfants aussi. Je leur racontais des histoires le soir, je les emmenais faire du sport", se souvient-il. "Mais si vous interrogiez Ségolène Royal, j'imagine qu'elle vous confierait que je n'en ai pas fait assez... Et c'est vrai : je regrette réellement de ne pas en avoir fait davantage", concède l'ancien premier secrétaire du Parti socialiste. "Le combat des femmes m’a permis d’être un meilleur père", dit-il aussi.

Sur sa vie privée

Fidèle à sa ligne de conduite, le président refuse de répondre aux questions sur sa vie privée. "Nos concitoyens élisent un homme ou une femme. Pas un couple, ni une famille", explique-t-il. "Ce qui signifie que Julie Gayet est un sujet tabou ?" lui rétorque le magazine féminin. Réponse : "Ce qui signifie que je n'ai rien à vous dire sur ce sujet." Il reconnaît toutefois : "Etre président de la République exige de sacrifier une grande partie de sa vie personnelle."

Sur la mode et son look

"Elle est aussi un magazine de mode", rappellent les journalistes, avant d'interroger le président sur sa coquetterie : "Ce n'est pas le compliment qui m'est fait le plus souvent", ironise-t-il. "Au début du mandat, j'ai subi quelques remarques sur ma cravate. J'en ai souri avant que cela ne devienne presque un sujet politique !" s'étonne François Hollande. "Alors je veille à ne pas laisser – au moins sur ce point – le moindre espace à la critique, car le président est toujours en représentation", explique-t-il. "Quant aux vêtements, je m'en sépare difficilement. Et je reviens toujours vers les mêmes formes. Là se situe ma coquetterie", confie-t-il.

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