Échec scolaire : il faut faire en sorte que les élèves en difficulté "n'aient pas besoin de redoubler"
Le ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer, a annoncé jeudi vouloir rétablir le redoublement. Une mesure polémique qui ne satisfait pas Éric Charbonnier, analyste à l'OCDE et expert éducation, interrogé par franceinfo.
Le ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer a détaillé, jeudi 8 juin, ses pistes pour lutter contre l'échec scolaire. Dans un entretien au journal Le Parisien, le ministre a évoqué le redoublement, qu'il souhaite "autoriser à nouveau" dès la prochaine année scolaire et promet des stages de soutien avant la classe de 6e. Éric Charbonnier, analyste à l’OCDE et expert éducation a réagi sur franceinfo. Il prône "les alternatives au redoublement" et évoque les "méthodes individualisées" mises en place dans d'autres pays européens.
franceinfo : Le retour du redoublement, est-ce la solution ?
Éric Charbonnier : Supprimer le redoublement n'a jamais permis d'améliorer les systèmes d'éducation. Pour que faire redoubler les élèves soit pertinent, il faut des critères fiables et harmonisés entre les écoles. Je pense qu'il faut réfléchir à des alternatives au redoublement, comme dans certains pays européens. La question, c'est : comment gérer les élèves en difficulté et faire en sorte que justement ils n'aient pas besoin de redoubler ?
"Réfléchir à des alternatives au redoublement : travailler par petits groupes d'élèves, utiliser parfois le numérique, etc." @CharbonnierEDU pic.twitter.com/ZR3F7HIh6b
— franceinfo (@franceinfo) 8 juin 2017
Comment fait-on ailleurs ?
On a mis en place des méthodes individualisées : on travaille par petits groupes d'élèves, via le numérique, on crée du soutien scolaire à l'intérieur des écoles et on permet aux élèves de passer les mêmes examens en milieu d'année, que ceux passés en début d'année, là où ils avaient échoué. On a un panel de mesures qui permettent de limiter le redoublement pour des élèves en retard sur des fondamentaux. Le ministre a aussi évoqué les devoirs à l'intérieur des établissements scolaires. C'est une très bonne chose parce que la France est très inégalitaire. Il faut aussi avoir une réflexion sur la durée de l'année scolaire. La France, avec 36 semaines d'école, est un des pays où il y a le moins de semaines de cours. Par exemple, aux Pays-Bas, il y a 40 semaines d'écoles. Peut-être aussi que deux semaines de vacances à la Toussaint en France, c'est trop, une semaine suffirait.
Le débat se focalise sur le redoublement et la semaine de quatre jours et ça, ça me semble inefficace.
Éric Charbonnier, analyste à l’OCDE et expert éducationà franceinfo
Autre volonté du ministre de l'Éducation, laisser le choix aux communes sur le rythme scolaire. Est-ce une bonne idée ?
À l'OCDE, on aurait pu, à notre sens, avoir cinq matinées d'école au lieu de quatre pour justement travailler au rythme des élèves. Cela donne plus de possibilité pour les enseignants. On pourrait pendant cette matinée supplémentaire travailler sur le numérique, travailler en petits groupes d'élèves. Il faut penser aux critères aussi... Est-ce qu'on fait ces critères pour les enfants ou pour les parents ? Il faut aussi avoir une réflexion sur la valorisation du métier d'enseignant, la revalorisation des salaires, la formation, il y a tout un ensemble de réformes dans le programme d'Emmanuel Macron et ce serait intéressant de discuter.
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