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Éducation : accueillir davantage d'élèves est "mission impossible dans les conditions actuelles du protocole sanitaire", selon l'association des petites villes de France

"On arrive face à un mur, qui est celui de ne pas pouvoir dédoubler les classes ni dédoubler le nombre de personnes", explique Christophe Bouillon, le président de cette association.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Une salle de classe du collège de Jastres, à Aubenas (Ardèche), le 25 mai 2020. (CLAIRE LEYS / RADIO FRANCE)

"Il faudrait revoir la façon dont on applique le protocole sanitaire" dans les écoles, estime mercredi 10 juin sur franceinfo le président de l'Association des petites villes de France, Christophe Bouillon, également député socialiste de Seine-Maritime. Les appels à assouplir ces règles sanitaires imposées aux élèves se multiplient depuis quelques jours, alors que l'épidémie de coronavirus poursuit son reflux en France.

franceinfo : Le manque de personnel communal explique-t-il en partie certaines fermetures d'écoles ?

Christophe Bouillon : Aujourd'hui, si c'est mission impossible, c'est parce que dans les conditions actuelles du protocole sanitaire, soit vous doublez le nombre de classes physiquement, soit vous doublez le nombre d'enseignants. Il y a un manque d'enseignants dans beaucoup d'écoles, c'est une des premières difficultés. La deuxième difficulté, c'est que physiquement, avec les espaces minimums qu'il faut réserver pour chacun des enfants, les règles de circulation pour la distanciation physique, c'est tout juste impossible dans beaucoup d'écoles d'organiser les choses au mieux.

Beaucoup de petites communes ont mis à disposition du personnel supplémentaire, ne serait-ce que pour nettoyer les écoles, les désinfecter ou aussi parfois du personnel d'animateurs pour permettre l'accompagnement des élèves qui vont aux toilettes ou à la cantine. D'ailleurs il y a une inquiétude dans beaucoup de communes : qui va payer tout cela ? Il y a des efforts qui sont faits malgré tout. Je refuse l'idée de mairies qui seraient récalcitrantes, qui traîneraient des pieds. On a plutôt des maires qui essaient de se sortir de ce casse-tête.

Il y a une large majorité de communes qui ont pu ouvrir leurs écoles, parce qu'au début les effectifs étaient réduits. À partir du moment où les effectifs augmentent, c'est là que la difficulté devient beaucoup plus importante, et on arrive face à un mur qui est celui de ne pas pouvoir dédoubler les classes ni dédoubler le nombre de personnes.

La solution est-elle d'assouplir le protocole sanitaire dans les écoles ?

Il est temps de regarder cette question sérieusement. J'entends l'argument du ministre de l'Éducation, qui dit qu'au début, on voulait toutes les garanties sanitaires, c'est bien normal, c'est bien légitime. Il y a quand même de la peur chez les parents et chez les enseignants. Quoi qu'il en soit, on voit bien que la propagation du virus est plutôt sous contrôle, donc je pense qu'il faudrait revoir non pas l'exigence qu'on peut avoir, mais la façon dont on applique le protocole sanitaire.

La mairie de Marseille et plusieurs communes du Gard ont été condamnées par la justice administrative à rouvrir des écoles. Craignez-vous que les maires aient des comptes à rendre à la justice ?

C'est contradictoire avec l'idée de départ qui était de dire "on va se reposer sur le couple maire/préfet". On voit qu'il y a déjà des entailles et des difficultés dans ce couple. Je crois qu'il faut faire confiance aux élus locaux. Quand on se retrouve au tribunal administratif, c'est que la confiance n'est plus au rendez-vous.

Il faut que l'Éducation nationale, avant de s'attaquer à ses maires, soit capable elle-même de faire son travail, et notamment sur le fait d'assurer la présence d'enseignants dans toutes ses écoles. Ce n'est pas le cas aujourd'hui. Comme on dit souvent, il faut balayer devant sa porte avant de regarder chez les autres.

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