Formation des enseignants : "Il y a une crise de recrutement, il faut une réforme"
Le sociologue, Pierre Merle, estime sur franceinfo qu'il faut plus de temps pour former les enseignants. Il réclame une réforme avec de meilleures conditions de travail pour les débutants et un salaire plus attractif.
"Il faut une réforme de la formation des enseignants", a déclaré vendredi 31 août sur franceinfo, Pierre Merle, sociologue de l'éducation et professeur de sociologie à l'École supérieure du professorat et de l'éducation (ESPE). Il réagissait à la volonté du ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer, de réformer la formation des enseignants et de développer le recrutement ciblé des nouveaux professeurs, alors que de moins en moins d'étudiants se tournent vers ce choix de carrière.
"Aujourd'hui, la formation est sur deux ans. La première année est consacrée à la préparation du concours et la deuxième année, les étudiants ont neuf heures de cours par semaine et ils sont pris par les cours et la gestion de classes. De fait, ils explosent parce qu'ils ont également un mémoire de recherches qu'ils n'ont pas le temps de faire et la recherche doit être absolument présente, car on n'enseigne pas aujourd'hui comme on le fera dans 10 ou 20 ans. Il faut donc modifier cette formation des enseignants, il faut plus de temps pour les former", a affirmé le sociologue.
Une crise du recrutement en raison des conditions de travail difficiles et du salaire peu attractif
"Chaque année, nous avons peu d'étudiants parce que le concours est assez sélectif et nous risquons après d'avoir des professeurs avec un niveau insuffisant. Donc de fait, il y a une crise de recrutement qui est liée à plein de raisons, parmi lesquelles un salaire pas assez attractif et des conditions de travail qui sont difficiles pour des débutants. Tout ceci n'amène pas à avoir suffisamment de candidats de valeur", déplore Pierre Merle.
On essaye de faire connaître la formation et de montrer qu'elle est de bonne qualité mais cela ne suffit pas
Pierre Merle, sociologueavec franceinfo
"Ce sont des conditions que nous, nous ne pouvons pas maîtriser, la question des salaires et des conditions de travail. Si les jeunes professeurs stagiaires n'avaient pas la crainte quand ils sont titularisés de se retrouver dans un établissement avec des élèves très difficiles - ce qui est souvent le cas - peut-être qu'il y aurait déjà davantage de candidats, suppose Pierre Merle. Il faudrait donc peut-être donner de meilleures conditions de travail aux jeunes professeurs qui sont débutants. Les questions essentielles sont donc les salaires et la formation", conclut-il.
Vendredi, 880 000 enseignants ont fait leur rentrée en France avant la rentrée des élèves lundi. Le ministre de l'Éducation a, de son côté, réaffirmé qu'une part de la prime annuelle accordée dès la rentrée aux enseignants des écoles et collèges des réseaux d'éducation prioritaire renforcés (REP+), promesse de campagne d'Emmanuel Macron, serait conditionnée aux bons résultats des équipes pédagogiques.
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