Groupe de niveau au collège : cela "aboutira de facto à un tri social", alerte le Sgen-CFDT
"Des groupes de niveau, sur la base d'un niveau scolaire qui, dans l'esprit de Gabriel Attal, devait être mesuré par les évaluations standardisées nationales, aboutira de facto à un tri social", a alerté mercredi 13 mars sur franceinfo Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du Sgen-CFDT, alors que le Premier ministre a maintenu auprès de l'AFP mercredi son souhait de mettre en place des groupes de niveau en français et mathématiques au collège, assurant qu'ils seraient "la règle" dans ces matières, et la classe entière "l'exception".
Catherine Nave-Bekhti estime que l'annonce de Gabriel Attal "va susciter de la colère chez nos collègues", car la ministre de l'Education nationale Nicole Belloubet assurait aux enseignants "il y a à peine une semaine, qu'il ne s'agirait plus de groupes de niveau, mais d'enseignement en groupe et que les équipes auraient la latitude pour structurer et organiser ces groupes et des possibilités d'avoir du temps en classe entière". Elle déplore le retour aux groupes de niveau dans les propos du chef du gouvernement qui "minore le temps qui pourrait être consacré à l'enseignement en classes entières". Il n'y a donc, selon elle, "plus de latitude pour les équipes".
"C'est Paris qui décide. C'est le gouvernement qui décide pour toutes les équipes pédagogiques partout en France. Donc quelle place laisse-t-on à l'expertise des enseignants ?"
Catherine Nave-Bekhti, , secrétaire générale du Sgen-CFDTà franceinfo
Catherine Nave-Bekhti rappelle que "tous les travaux de recherche en France et ailleurs montrent que regrouper entre eux des élèves de niveau faible ou qui rencontrent des difficultés a plutôt tendance à dégrader davantage encore l'estime qu'ils ont d'eux-mêmes". Cela "génère chez beaucoup d'élèves concernés un sentiment d'incapacité qui est inscrit comme étant, dans leur esprit, comme leur caractéristique à eux. Et ça bloque les progrès".
La secrétaire générale du Sgen-CFDT évoque encore des études en sciences de l'éducation qui montrent que "c'est encore plus fort dans certaines disciplines". Ces études montrent "que les enfants ont des représentations sur les disciplines, dont les mathématiques, comme étant une discipline où quand on est mauvais, on est mauvais tout le temps". Catherine Nave-Bekhti rétorque que le travail des enseignants est de montrer aux élèves "qu'ils peuvent progresser. Et ça, on le fait davantage dans d'autres modes d'organisation pédagogique que des groupes de niveau qui stigmatisent les élèves".
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