"J'ai craqué" : cette professeure d'université paye de sa poche les copies de ses étudiants et dénonce le manque de moyens de sa fac
Dominique, professeure en licence d'administration économique et sociale, a dû débourser neuf euros pour fournir des copies à ses étudiants lors d'une interrogation. Une situation qui la fait sourire et qu'elle minimise, par rapport aux autres difficultés financières qu'elle rencontre.
Dominique a "craqué". "J'ai acheté 600 copies doubles pour l'interro de mes étudiants demain, l'UFR refusant de les fournir, car plus de moyens", écrit sur Twitter cette professeure d'université. Prix : neuf euros. Le message de cette économiste, qui enseigne dans une grande faculté parisienne, a fait beaucoup réagir sur les réseaux sociaux et encouragé certains à dénoncer des situations similaires.
"Dans le même style, à la cour d'assises de Rennes, ce sont les greffiers qui achètent les gobelets en plastique pour les jurés", écrit en réponse un internaute. "Dans le primaire c’est la même chose. On scrute Leboncoin pour avoir des manuels de CE1 pour les nouveaux inscrits", renchérit un autre.
"C'est un truc de plus, le plus important, c'est les gels de postes"
Contactée par franceinfo, Dominique s'amuse de notre appel. "Franchement, il n'y a pas de quoi faire une histoire, c'est vraiment sans importance pour moi", balaye-t-elle. Certaines disciplines n'ont le droit à des copies que lors des partiels, pas lors des autres interrogations, explique la professeure. Dans ce cas, pourquoi ne pas simplement demander à ses étudiants d'acheter eux-mêmes des copies ? "Il y a un grand risque de triche, cela évite que les étudiants aient des antisèches si on leur fournit nous-mêmes des copies", justifie Dominique.
Mais, pour Dominique, il y a beaucoup plus grave que cette anecdote. "C'est un truc de plus, le plus important, c'est les gels de postes", souligne-t-elle. "[Dans mon unité], on a eu six départs cette année et seulement un seul remplacement. On supprime des TD, on doit faire des heures supplémentaires, on ferme des cours, on bidouille... Ça, c'est bien plus grave que les neuf euros."
On passe notre temps à acheter des trucs. Pendant un temps, je faisais de ma poche les photocopies des documents de TD pour mes étudiants
Dominique, professeure dans une université parisienneà franceinfo
Dominique refuse pourtant d'accabler son université. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle elle nous a demandé de ne pas mentionner son établissement dans cet article : "Ma faculté se débat avec les moyens qu'elle a, je ne veux pas lui jeter l'opprobre." En fin de carrière, cette dernière doit pourtant, de nouveau, assurer des TD. "Normalement, je ne devrais plus le faire mais je ne peux pas recruter de vacataires. Ils coûtent trop cher et puis il y a aussi un problème de qualité." Car le salaire proposé ne serait pas assez incitatif : "Qui veut faire des TD pour 35 euros de l'heure ?"
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