Les universités entre tension et confusion
A la vue des abords de l'université Jean-Monnet de Saint-Etienne ce matin, les étudiants partisans du blocage peuvent estimer avoir réussi, au delà de leurs espérances même. Des policiers déployés autour du campus empêchaient l'accès à quiconque, au point de refuser à des journalistes de se rendre à la conférence de presse des étudiants bloqueurs. Il aura fallu l'intercession de la préfecture pour que la police les admette.
Cette intervention, rare dans une faculté, a été déclenchée à la demande du président de l'université de Saint-Etienne, alors que la situation dégénérait ce matin sur le campus, provoquant une grosse bousculade entre les étudiants bloqueurs et les autres, qui tentaient de forcer les barrages.
Ces derniers jours, l'université avait été libérée et les cours avaient repris. Mais hier, une assemblée générale, malgré une très faible participation des étudiants, a voté la reprise du blocus et les plus déterminés ont à nouveau occupé les locaux pendant la nuit, réclamant le retrait de la loi LRU et des réformes Pécresse.
_ A 8 h ce matin, les étudiants venus assister à leurs cours se sont retrouvés face à ces barrages et ont tenté de les forcer, provoquant une bousculade et des échauffourées qui n'ont pas fait de blessé. La police est intervenue pour rétablir le calme aux abords du campus, sans pénétrer à l'intérieur, où des tensions se sont un moment poursuivies. A l'heure actuelle, les étudiants bloqueurs se trouvent toujours dans les locaux.
23 universités bloquées
Les évènements de ce matin à Saint-Etienne traduisent la confusion qui règne dans les universités françaises. Dans une tribune publiée dans le quotidien Le Monde, six président d'universités s'inquiètent de voir l'année non validée en raison de l'impossibilité à tenir des examens. Ils dénoncent “l'obstination ministérielle” et “des gestes d'apaisement vigoureux, radicaux et clairs”.
Depuis le début du mouvement en janvier, le décret sur le statut des enseignants chercheurs a été réécrit et les suppressions de postes ont été gelées pour deux ans. Mais un certain nombre d'universités se déclarent encore totalement ou partiellement en grève : 39, dont 23 plus ou moins bloquées, selon le collectif Sauvons l'université; une petite dizaine selon le ministère.
Les uns et les autres multiplient les réunions. Une rencontre sur la formation des enseignants, l'un des principaux points de désaccord a eu lieu ce matin au ministère, et la coordination nationale des universités se réunit dans la journée à Marne-la-Vallée, près de Paris, des assemblées générales sont aussi prévues, à Lyon II et Grenoble III notamment, pour savoir quelle suite donner au mouvement.
Grégoire Lecalot, avec agences
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