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"Devoirs faits" : à quoi va ressembler le soutien scolaire gratuit lancé dans les collèges ?

A partir du lundi 6 novembre, tous les collégiens volontaires pourront bénéficier gratuitement d'heures d'aide aux devoirs dans leurs établissements. Franceinfo vous en dit plus sur ce dispositif, qui vise à lutter contre les inégalités scolaires. 

Article rédigé par Valentine Pasquesoone
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Un collège à Ligné (Loire-Atlantique).  (ALAIN LE BOT / PHOTONONSTOP / AFP)

L'initiative fait ses débuts dans les 7 100 collèges de France, lundi 6 novembre. Dès cette semaine, les quelque 3,3 millions de collégiens vont pouvoir bénéficier d'heures de soutien scolaire supplémentaires chaque semaine – et ce gratuitement. C'est le dispositif "Devoirs faits", basé sur le volontariat et lancé par le ministère de l'Education nationale. 

Selon Le Figaro, entre 25% et 50% des collèges offrent déjà un accompagnement similaire. Ce soutien scolaire sera désormais généralisé à raison de quatre heures par semaine pour les élèves volontaires. Pourquoi ce dispositif est-il lancé ? Comment va-t-il s'appliquer ? Franceinfo vous donne des éléments de réponse. 

En quoi consiste ce dispositif ? 

Le programme "Devoirs faits" "est un temps dédié,en dehors des heures de classe, à l’accomplissement par l’élève des tâches demandées par ses professeurs", explique le ministère de l'Education nationale sur son site. Tous les collégiens qui le souhaitent peuvent donc bénéficier de ce "temps dédié à la réalisation des devoirs" au sein du collège, "afin de rentrer chez eux 'devoirs faits'", précise le ministère. 

Chaque établissement sera chargé de fixer "les modalités de mise en œuvre" de ce dispositif. Le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, évoque cependant un soutien scolaire d'environ quatre heures par semaine, soit une heure par jour (hors mercredi) pour les collégiens volontaires. "Selon les premiers retours des établissements", l'initiative "sera proposée en fin de journée dans 35% des collèges, et lors de la pause méridienne ou des heures de permanence dans 65% des établissements", précise Jean-Michel Blanquer, dans un entretien à 20 Minutes

Qui encadrera les élèves volontaires ?

Des enseignants, eux aussi volontaires, mais aussi des assistants d'éducation, des membres d'associations spécialisées dans le soutien scolaire et des jeunes en service civique seront chargés d'aider les élèves, explique le ministère sur son site. "A ce jour, 7 000 jeunes en service civique sont engagés dans le dispositif, annonce Jean-Michel Blanquer dans 20 Minutes. Notre objectif est d'atteindre 10 000." Le ministre s'engage à ce qu'il y ait au moins un encadrant pour quinze élèves. 

Pourquoi proposer ce soutien scolaire ?

L'initiative, dont le coût est estimé à 220 millions d'euros pour 2018, est lancée "pour lutter contre les inégalités", explique le ministre dans son entretien à 20 Minutes. "Il s'agit d'aider les élèves qui ne bénéficient pas des circonstances familiales leur permettant de bien travailler à la maison", précise-t-il. "Devoirs faits" vise aussi à répondre au fait que "les parents, de toutes classes sociales confondues, peuvent avoir du mal à suivre les devoirs de leurs enfants du fait de leur emploi du temps"

Fin mai, le ministre de l'Education nationale défendait déjà le fait que les devoirs puissent "être faits au sein de l'établissement grâce à un temps d'études accompagné". Une manière de pallier les inégalités entre les collégiens bénéficiant de bonnes conditions de travail et d'une aide aux devoirs chez eux, et ceux étant moins accompagnés à la maison. La France est en effet championne des inégalités scolaires au sein de l'OCDE, selon une étude du Conseil national d'évaluation du système scolaire (Cnesco), publiée en 2016. 

"On sait bien que le travail personnel que les élèves ont à réaliser en dehors du temps scolaire est vecteur d'inégalités. On le sait très bien", martèle Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du syndicat général de l'éducation nationale (Sgen) CFDT. "Avoir une réflexion globale sur la meilleure manière d'aider les élèves dans leur travail personnel est une démarche intéressante", réagit-elle. Samuel Cywie, le porte-parole de la Fédération des parents d'élèves de l'enseignement public (PEEP), salue de son côté "une très bonne idée" et"une mesure qui va dans le bon sens". "Il est clair qu'il y a une vraie inégalité face aux devoirs", confirme-t-il à franceinfo. 

Sera-t-il difficile à appliquer ?

Interrogée par franceinfo, la secrétaire générale du Sgen-CFDT s'inquiète néanmoins de la mise en place concrète du dispositif. Elle regrette notamment qu'une mesure annoncée à la fin du printemps soit appliquée moins de six mois plus tard. "C'est un calendrier extrêmement court, [le dispositif] n'a pas été intégré à la construction de l'emploi du temps" des collèges, regrette Catherine Nave-Bekhti. "Nous allons avoir un souci de volontariat du côté des élèves et de leurs familles, mais aussi du côté des personnels", prévient-elle. Selon la syndicaliste, plusieurs collèges n'ont pas encore été prévenus des moyens alloués pour rémunérer leurs professeurs volontaires. 

A ce stade, "25% des collégiens" se sont portés volontaires, a annoncé Jean-Michel Blanquer à 20 Minutes. A terme, "cela pourrait monter à 35% des élèves", envisage le ministère. Catherine Nave-Bekhti, elle, craint que les élèves "qui en auraient le plus besoin" ne soient pas forcément "ceux qui soient les plus volontaires". Les collégiens rencontrant le plus de difficultés pourraient voir l'initiative comme "quelque chose de stigmatisant" et ne pas souhaiter y prendre part, selon elle. 

Samuel Cywie, de la PEEP, s'interroge quant à lui sur les personnes encadrant le dispositif. "Dans beaucoup d'endroits, des services civiques vont le faire. Comment ces jeunes auront-ils été formés, encadrés ? Il faut s'assurer qu'ils auront bien été préparés aux besoins des élèves", insiste-t-il. Une position que partage Hervé-Jean Le Niger, porte-parole de la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE). "La question qui se pose est surtout celle de la qualité de l'accompagnement, explique-t-il au Parisien. Et là, on attend de voir." 

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