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"Si l'école faisait son travail, j'aurais un travail" : la polémique sur le slogan provocateur du Medef en quatre actes

Avec un slogan provocateur sur l'école, l'organisation patronale s'est mis une partie des enseignants à dos, avant de le retirer et de présenter ses excuses. 

Article rédigé par Solenne Le Hen, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le slogan est issu de la campagne sur la formation, menée par le Medef et notamment diffusée sur Twitter. (capture d'écran)

Les enseignants n'ont pas apprécié un slogan du Medef, issu de sa campagne sur la formation résumée en un "Si l'école faisait son travail, j'aurais un travail". Le ministre de l'Education nationale lui a demandé "un retrait immédiat" de cette campagne, que le Medef a d'abord assumée avant de présenter ses excuses. franceinfo revient sur la polémique.

1Les enseignants dénoncent une "insulte"

Mercredi 20 septembre, un slogan adossé à un manifeste du Medef a commencé à faire le tour des réseaux sociaux : "Si l'école faisait son travail, j'aurais un travail." Sur Internet, les réactions outrées se multiplient. 

Cette phrase est adossée à un manifeste pour l'éducation, publié le 14 juin et complété par un site internet. Elle était jusqu'ici passée inaperçue avant d'être repérée mercredi par la Fédération syndicale unitaire (FSU), le syndicat de la fonction publique, qui s'est fendu d'un communiqué pour la dénoncer. La présidente de la FSU, Bernadette Groison, ne décolère pas : "Cette phrase du Medef est une insulte pour tous les enseignants du pays", enrage-t-elle. Elle dénonce une stigmatisation des enseignants par le syndicat du patronat.

C'est grossier, c'est totalement faux et injuste. C'est jeter l'école en pâture !

Bernadette Groison, présidente de la FSU

à franceinfo

2Le ministre de l'Education se dit "consterrné"

Le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, réagit vivement sur Twitter, jeudi. Il se dit "consterné" et demande "un retrait immédiat" du slogan. 

Deux anciens ministres de l'Education socialistes montent également au créneau, toujours sur Twitter. Jack Lang dénonce "des campagnes de pub scandaleuses", Benoît Hamon tweete "Toute honte bue". Et le Parti socialiste réagit également, en interpellant le patron des patrons, Pierre Gattaz. 

Parmi les réactions, celle de Laurence Parisot. Elle pointe "la morgue, la bêtise et l'ignorance" de l'organisation patronale qu'elle a présidée.

3Le Medef assume... 

Dans un premier temps, le Medef assume totalement ce slogan, tweeté sur son compte avec le hashtag #MaBlagueNulle et qui s'affiche sous forme de bandeau sur certains sites, dans le cadre d'une campagne sur internet. Contacté par franceinfo, le service presse de l'organisation patronale explique que "les enseignants ne doivent pas le prendre pour eux". Il faudrait, d'après ce responsable de communication, parler des dysfonctionnements de l'Éducation nationale qui "doit améliorer sa performance. C'est bien l'école d'aujourd'hui qui débouche sur un chômage de masse des jeunes français, une éducation trop académique et pas assez professionnelle." Il résume : "Il faut réformer l'école." Certes, reconnaît-on au Medef, cette phrase était délibérément provocatrice, pour attirer l'attention sur cette campagne pour l'éducation élaborée par l'organisation patronale. Pari jusque-là réussi : le Medef s'est attiré l'attention des enseignants mais aussi leurs foudres.

4... puis présente ses excuses

Le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, assure jeudi que le Medef fait amende honorable. "Pierre Gattaz m'indique qu'il retire le slogan malvenu et me prie de transmettre les très sincères excuses du Medef aux enseignants", explique-t-il sur Twitter. 

Sur son compte Twitter, le Medef poste peu après une vidéo où Pierre Gattaz assure que cette campagne de communication "ne visait pas du tout" les enseignants. "J'ai trop de respect pour eux".

Un slogan provocateur du Medef provoque la colère des enseignants - un reportage de Solenne Le Hen

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