Un enseignant se forme à 80% par lui-même sur son temps libre tout au long de sa carrière, selon une enquête
D'après une enquête de l'Observatoire Ecolhuma que France Inter a pu consulter jeudi 8 juin en exclusivité, les professeurs en majorité par eux-mêmes par eux-mêmes : "80% de la formation des enseignants relève de l'autoformation" et "seulement 20% des activités de formation suivies sont proposées ou imposées par leur institution".
Cela s'explique par le fait que la France est la plus mauvaise élève des pays européens concernant la formation continue des enseignants avec le moins de jours de formation et des délais souvent très longs, "parfois un an", précise Francine, professeure en lycée professionnel. "Il faut avoir un certain nombre de candidats pour que la demande de formation soit validée, explique-t-elle. Parfois, il faut aussi qu'il y ait un regroupement entre deux établissements donc les délais peuvent être longs".
Des formations "sur Internet et les réseaux sociaux"
Face à cette situation, certains professeurs se forment donc par leurs propres moyens. Parmi ceux qui choisissent d'être autodidactes, 60% le font "sur Internet et les réseaux sociaux". Florence Rizzo, fondatrice d'Ecolhuma (une association qui accompagne les professeurs et les chefs d'établissements), qui a mené cette enquête "auprès d'un peu plus d'un millier d'enseignants", détaille d'autres chiffres : "45% des enseignants se forment le soir et 55% se forment souvent pendant le week-end". Des formations effectuées sur le temps libre donc, "un petit peu invisibilisé, pas forcément reconnu et donc non valorisé".
"Je le fais pour des raisons d'efficacité et de rapidité, c'est à travers ces supports que je trouve les réponses pour accompagner au mieux mes élèves."
Francine, professeureà franceinfo
Francine exerce ce métier d'enseignant depuis 20 ans et exprime son besoin d'être "formée sur la longueur [...] C'est quelque chose qui me tient à cœur, pour continuer à évoluer dans mon métier et faire évoluer mes pratiques". Elle aimerait d'ailleurs que les formations proposées par l'Éducation nationale soient "plus variées, plus faciles d'accès" et plus claires quant à la question du temps qu'elles vont lui prendre.
L'enquête de l'Observatoire montre que parmi les thèmes les plus recherchés par les enseignants qui souhaitent se former, les besoins se tournent en priorité vers des formations "pratico-pratiques ou bien directement utilisables en classe", explique Florence Rizzo. Il s'agit donc de thèmes liés "à la motivation, à l'engagement des élèves et aux enfants à besoins particuliers". "Quand on a un enfant dyslexique, un enfant autiste. On a besoin de trouver une réponse pour savoir comment accompagner cet enfant-là, cette année-là", conclut la cofondatrice.
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