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Une dictée tous les jours à l'école primaire, l'idée qui rend les instituteurs perplexes

La ministre de l'Education nationale veut rendre obligatoire une dictée quotidienne à l'école. Francetv info a recueilli le sentiment des syndicats et des enseignants.

Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Une élève écrit une dictée à Thionville (Moselle), le 18 septembre 2015. (MAXPPP)

"Oui aux dictées quotidiennes à l'école !" C'est le titre de la tribune de la ministre de l'Education nationale, publiée dans Le Monde vendredi 18 septembre. "Oui, la pratique répétée de la lecture et de l'écriture, la discipline exigée par des dictées quotidiennes, sont indispensables", détaille Najat Vallaud-Belkacem. "Absolument, une dictée chaque jour, a répété la ministre sur Europe 1 vendredi. (...) L'essentiel, c'est la maîtrise du langage."

Francetv info a demandé aux professeurs et aux syndicats ce qu'ils pensaient de cette déclaration de la ministre.

Ce n'est pas nouveau

"Euh... Mais on le fait déjà, non ?" Après l'annonce de la ministre, les professeurs des écoles contactés sont surpris et perplexes. La dictée est tout sauf une idée nouvelle. "Tout le monde le fait déjà", estime Antoine, professeur des écoles en CE1. "On a toujours fait des dictées, ce n'est pas un scoop", ajoute Catherine Chabrun, enseignante de la pédagogie Freinet. 

"Dans notre pays, la dictée, c'est un totem, un mythe ! s'exclame Christian Chevalier, secrétaire général du syndicat SE-Unsa. Elle génère des passions incontrôlées." Le débat entre pro et anti est, de fait, virulent. Si la ministre met l'accent sur les fondamentaux, c'est semble-t-il pour couper court à de nouvelles critiques de la droite, dont les ténors insistent régulièrement sur l'importance du "lire, écrire, compter".

Il faut varier les dictées

Chacun applique sa méthode, avec son style. Enseignants et syndicats estiment que ce n'est pas à la ministre de leur dicter leur manière d'enseigner.

"Le problème, c'est de rendre la dictée obligatoire. Car toucher à la liberté de l'enseignement pédagogique, c'est délicat. On a des programmes à respecter, à nous de faire comme on le sent ensuite", insiste Katia, professeure des écoles en CP. Elle fait déjà des dictées, "quasiment chaque jour". "Sur des ardoises ou des cahiers. En CP, je fais des dictées de sons et de syllabes, cela me permet de voir si les petits élèves les ont intégrés."

Car il y a dictée et dictée. "La dictée, ce n'est pas seulement prendre un livre et lire un passage", indique Christian Chevalier. Le blog L'école de demain de son syndicat liste les différents types d'exercices qui existent, tout comme le site du SNUipp-FSU, premier syndicat dans le primaire. Dictée négociée, dictée caviardée, dictée flash... et la dernière née, la twictée, soit la dictée sur Twitter. Celle-ci commence à faire ses preuves.

Metronews expliquait son principe, en mars, dans un reportage. "Les enfants rédigent d'abord à la main et individuellement une phrase de 140 signes maximum (la longueur limite d'une publication sur le réseau social). Puis, répartis en groupes de trois, les élèves 'négocient' et tentent de se mettre d'accord sur la bonne orthographe." Un principe qui reprend, en fait, la "dictée mutuelle". "Les élèves écrivent un texte puis notent les mots mal orthographiés dans un répertoire, les apprennent et se les dictent eux-mêmes", explique Catherine Chabrun. Elle prône l'écriture "par soi-même", "le bagage de mots personnels" pour chaque élève.

Cela dépend des élèves

Le type de dictée dépend aussi du niveau. "Je m'adapte aux progrès de la classe, au fur et à mesure de l'année", explique Katia. "En CE1, j'en fais une par semaine, je n'ai pas le temps d'en faire plus. Si j'en faisais une par jour, je n'aurais pas le temps d'enseigner le reste du programme de français", témoigne Antoine.

Souvent, le vendredi, cet enseignant trentenaire fait une dictée de deux phrases qui cible des points de grammaire présentés le lundi aux élèves. "Chacun a fait ses propositions en classe et on choisit ensemble la bonne orthographe." Aujourd'hui, il a choisi une dictée de dix mots invariables. "Il n'y a pas d'autre choix pour les apprendre." Mais Antoine applique d'autres méthodes que la dictée pour enseigner l'orthographe. "Je les fais écrire et lire tous les jours", insiste-t-il.

Ce n'est qu'un outil pédagogique parmi d'autres

"Il faut bien évidemment faire de l'orthographe en classe, mais cela ne peut pas se réduire à une dictée", renchérit  le responsable du SNUipp-FSU, Sébastien Sihr, interrogé par l'Agence France-Presse. "Ce qui est important, c'est que les élèves entrent dans la culture de l'écrit et se l'approprient", souligne Christian Chevalier.

Najat Vallaud-Belkacem a-t-elle entendu le message ? Vendredi, en fin de journée, le ministère a précisé à l'AFP qu'une dictée par jour peut signifier écrire sous la dictée un énoncé d'exercice de calcul, ou bien les consignes dans un cours d'histoire, par exemple.

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