Fin de vie : les proches de Vincent Lambert s'affrontent dans la presse
Dans deux tribunes publiées dans "Le Figaro" et "Le Monde", les proches de l'ancien infirmier en état de conscience minimale appellent d'un côté à lui prodiguer de "vrais soins", et de l'autre à autoriser l'arrêt des traitements.
Chaque camp lance son appel. Dans une tribune publiée vendredi 5 septembre dans Le Monde, des proches de Vincent Lambert, soutenus par des élus, demandent à la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH), qui examine actuellement l'affaire, de "statuer au plus vite" sur le cas de ce tétraplégique en état de conscience minimale. Dans le même temps, dans Le Figaro, une sœur et un demi-frère de Vincent Lambert lancent à l’inverse un appel pour qu'il bénéficie de "vrais soins".
Vincent Lambert, 38 ans, a été hospitalisé au CHU de Reims après un accident de la route en 2008 qui lui a occasionné, selon les médecins, des "lésions irréversibles". Tout comme sa sœur et son demi-frère, les parents du patient, Pierre et Viviane Lambert, réclament qu'il soit maintenu en vie.
Ces proches défendent leur position dans leur tribune publiée dans Le Figaro : "Non, Vincent n'est pas un légume. L'état dit végétatif qu'on lui a collé est un terme péjoratif qui est contesté par certains spécialistes, car il ne correspond pas à la réalité. (...) Qui peut dire que Vincent veut mourir ? Personne." Ils demandent dès lors "qu'il cesse d'être considéré comme un mort en sursis et qu'il bénéficie enfin d'un projet de vie, et des soins appropriés à son état".
"Chaque jour qui passe est une violation de ses droits"
A l'inverse, son épouse Rachel, son neveu François, six autres de ses frères et sœurs et le corps médical se prononcent pour l'arrêt des soins, considérant qu'il est incurable et que cela correspond à sa volonté. "La France doit donner un ultimatum à la CEDH, et s'il n'est pas respecté, elle devra autoriser l'équipe médicale du CHU de Reims à arrêter les traitements de Vincent Lambert, dans le respect de sa dignité, du droit interne et du droit international, estiment les signataires du texte publié dans Le Monde, parmi lesquels on compte le neveu, une sœur et une demi-sœur de Vincent Lambert, ainsi que de nombreuses personnalités politiques dont Daniel Cohn-Bendit, Anne Hidalgo, Jean-Luc Mélenchon ou encore Corinne Lepage.
"Chaque jour qui passe est une violation des droits de Vincent Lambert aux termes des articles 3 (traitements dégradants) et 8 (dignité, droit à l'autodétermination) de la Convention [européenne des droits de l'homme], que la France s'est expressément engagée à respecter et surtout à faire respecter."
La CEDH ne statuera pas avant "quatre à cinq semaines"
Saisie par les parents, la sœur et le demi-frère de Vincent opposés à l'arrêt des soins, la CEDH avait demandé le 24 juin aux autorités françaises de maintenir en vie le patient, alors que le Conseil d'Etat venait de juger légale la décision médicale d'arrêter ses traitements. Par cette mesure d'urgence, la CEDH voulait se donner le temps d'examiner la recevabilité de cette requête et le fond de l'affaire, mais sans en préciser le délai.
Une perspective que les signataires de la tribune publiée dans Le Monde déplorent : "Si leur requête est recevable, les requérants auront trois mois pour saisir la Grande Chambre de la Cour à l'issue du procès. Cela aboutirait à un nouveau procès, plus lourd encore à mettre en place. Et donc plus long."
La section de la CEDH saisie de l'affaire sera appelée à trancher le dossier ou à s'en dessaisir, compte tenu de sa gravité, au profit de la Grande Chambre de la CEDH. Une décision "qui ne devrait pas intervenir avant quatre à cinq semaines", a indiqué une source proche de la Cour. Sollicité par l'AFP, un porte-parole s'est refusé à tout commentaire concernant la demande d'ultimatum que réclament les proches de Vincent Lambert dans Le Monde.
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