Baisse des féminicides en 2020 : "Il y a eu une mobilisation des forces de l'ordre et de la justice", estime Sylvie Pierre-Brossolette
Le ministre de la Justice a annoncé, mardi, que 90 femmes avaient été tuées par leurs conjoints ou ex-conjoints en 2020, un chiffre en forte baisse par rapport à l'année 2019.
Quatre-vingt dix féminicides ont été perpétrés en 2020 en France, contre 146 en 2019, a indiqué mardi 2 février le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, dans une vidéo sur sa page Facebook. C’est la première fois que ce nombre ne dépasse pas une centaine depuis 2006, année où le gouvernement a commencé à les recenser. "Il y a eu une mobilisation des forces de l'ordre, police et gendarmerie, de la justice", a expliqué mardi sur franceinfo Sylvie Pierre-Brossolette, journaliste et membre de la Fondation des femmes. Elle souligne aussi le travail des associations "qui se sont mobilisées pour héberger les femmes" victimes de violences.
franceinfo : Qu'est ce que cette baisse représente pour vous ?
Sylvie Pierre-Brossolette : Elle représente un espoir, car l'année 2020 a été marquée par une mobilisation d'ampleur et cela démontre que quand on veut on peut. Il y a eu trop longtemps une sorte de fatalisme au sujet de ces féminicides en disant que "l'âme humaine est comme ça", que "certains hommes sont comme ça", qu'"on n'y peut rien". Mais si on y peut quelque chose. La preuve : il y a eu une mobilisation des forces de l'ordre, police et gendarmerie, de la justice.
Chaque vie humaine est un immense progrès. Bravo à toutes les associations qui se sont mobilisées pour héberger les femmes. Il y a eu d'une part la mobilisation des forces de l'ordre pour retenir le bras des hommes armés, mais les associations ont permis aux femmes de se protéger, de s'en aller. La Fondation des femmes a pu héberger pendant le confinement plus de 750 personnes. Il faut que le relai se fasse par le secteur privé et que la République dans son entier se mobilise au service de ces femmes.
Quels sont les moyens qui doivent être augmentés ?
Nous estimons à 500 millions le budget nécessaire aux violences faites aux femmes. Pour l'instant, en France, nous sommes autour de 80 millions, il y a un énorme progrès à faire. Sur ces 500 millions que nous avons estimés, il y a 200 millions pour des places d'hébergement alors qu'aujourd'hui nous n'avons que 40 millions. C'est fondamental.
Si nous n'avons pas les moyens financiers, tous les progrès qui ont été engrangés en termes de volonté politique ou de mobilisation risquent de ne plus porter leurs fruits. Il faut absolument poursuivre l'effort, prendre le mal à la racine, lutter contre les stéréotypes, les mauvais réflexes, faire qu'il ne soit plus possible psychologiquement d'être aussi violent. C'est un énorme effort de la société qui passe aussi par l'éducation.
L'écoute s'est-elle améliorée ?
Bien sûr et c'est ça qui a fait une grosse différence l'année dernière. Tous les messages portés par les associations ont été relayés politiquement. Il y a enfin une volonté politique. Il faut absolument appliquer toutes les bonnes mesures qui avaient été envisagées lors du Grenelle des violences faites aux femmes. La mobilisation doit continuer, il ne faut pas relâcher l'effort. J'espère que l'État suivra.
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