Front commun (et hétéroclite) contre Edvige
Brice Hortefeux a beau se montrer rassurant, dire à qui veut l'entendre qu'il n'y a pas de quoi s'inquiéter à propos du fichier Edvige, qu'il s'agit d'un “fichier qui est dans le prolongement exact de ce qui avait été initié sous un gouvernement de gauche, sous Edith Cresson en 1991”.
Le ministre de l'Immigration a beau expliquer qu'Edvige concerne “deux critères concernant des individus qui peuvent porter atteinte à l'ordre public et un certain nombre d'informations pour ceux qui ont été candidats ou exercent des responsabilités électorales syndicales et autres”...
_ N'empêche, le malaise est là, grandissant.
Car les critiques fusent désormais de toutes parts, au-delà des cercles "traditionnels" d'opposants. Bien sûr, la pétition, lancée sur Internet, a collecté plus de 120.000 signatures à ce jour. Une forme de record.
_ Mais surtout, il semble bien que, sur ce sujet, la belle unité du gouvernement se fissure. Hervé Morin, ministre de la Défense - accessoirement président du Nouveau centre - parlait ce week-end d'un “curieux mélange des genres”. “Est-il utile pour assurer la sécurité de nos compatriotes, de centraliser des informations relatives aux personnes physiques ayant seulement sollicité un mandat politique ou syndical ? Est-il utile que l'on y intègre des éléments (comme) les coordonnées téléphoniques, les orientations, sans savoir exactement de quoi il s'agit, des informations d'ordre fiscal ou patrimonial ?”
Voilà qui en tout cas n'a pas franchement plu au Premier ministre. François Fillon a rappelé à l'ordre son ministre : il n'est “pas nécessaire de créer des suspicions”, dit-il.
Plus surprenant encore, le “trouble” confessé ce matin par Laurence Parisot. La présidente du Medef souhaite aujourd'hui des explications, toute concernée qu'elle est comme responsable syndicale. “C'est quelque chose qui me gêne beaucoup, je suis assez troublée par ce que nous sommes en train de découvrir”.
Une fois n'est pas coutume, syndicat et patronat se retrouvent sur la même ligne. Les mots employés ne sont pas les mêmes, mais le sentiment est partagé. Très catégorique, François Chérèque : “je ne vois pas à quoi sert ce fichier, si ce n'est de
contrôler de manière inadmissible les citoyens de ce pays”.
Quoi qu'il en soit, le fichier n'a pas fini de faire parler de lui. Ne serait-ce que parce que plusieurs recours doivent encore être examinés par le Conseil d'Etat. Décision attendue fin décembre.
Guillaume Gaven, avec agences
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