Goodyear : la CGT prête à relâcher un des cadres sous conditions
Deux cadres de Goodyear à Amiens Nord ont passé la nuit dans
l'usine de pneus, où ils sont retenus par des ouvriers CGT au nom de leur "colère
légitime ". Légitime ou non, la direction de Goodyear France refuse de négocier les conditions de départ des ouvriers de l'usine promise à la fermeture, tant que ces deux dirigeants seront retenus. "La direction de GDTF (Goodyear-Dunlop
Tires France) ne participera à aucune réunion avec les représentants des salariés
tant que deux de ses dirigeants seront séquestrés", a indiqué mardi matin à l'AFP la direction
de l'équipementier en France.
Dans un premier temps, la réponse de la CGT se résume à une fin de non-recevoir : "Tant que
les cadres ne seront pas libérés, il n'y aura pas de réunion ? Et bien nous on
dit que tant qu'il n'y aura pas de réunion, ils ne seront pas libérés ", a ainsi d'abord réagi Mickaël Wamen, leader du syndicat ultra-majoritaire à Amiens-Nord, avant de déclarer en début d'après-midi être prêt "à en laisser partir un si on a la certitude de la tenue d'une réunion avec Goodyear ".
"Ça peut durer encore quelques heures, ça peut durer
quelques jours, quelques semaines" (CGT)
L e directeur de production de l'usine Goodyear d'Amiens-Nord
et le directeur des ressources humaines sont retenus depuis lundi matin(Nouvelle fenêtre) dans
une salle de réunion du site, sous la surveillance d'une trentaine d'ouvriers.
"On va aller jusqu'au bout du processus ", avait prévenu ce matin Franck Jurek, délégué CGT. "Ça peut durer encore quelques heures, ça peut
durer quelques jours, quelques semaines. Tant qu'on n'aura pas gain de cause,
ces deux personnes (...) resteront avec nous ", avait-il dit. Le bras de fer se poursuit.
Inacceptable pour le Medef, compréhensible pour le PCF
Dans un communiqué, le Medef a réagi, qualifiant l'action de
la CGT de "violente, totalement contraire aux principes du dialogue et de
la négociation", indique l'organisation patronale. Si le Medef "ne méconnaît pas la
situation difficile de ce site industriel et de ses salariés", il estime
aussi que "cela ne justifie en aucun cas de recourir à des pratiques d'un
autre âge", poursuit le communiqué.
Ce n'est "pas la bonne méthode " reconnaît de son
côté le numéro un de FO, Jean-Claude Mailly, mais "pas non plus un
drame ", a-t-il estimé sur Radio Classique. Et d'ajouter que "quand
les salariés n'en peuvent plus, c'est le dernier moyen qu'ils trouvent pour essayer
d'avoir satisfaction ".
"Il y a derrière cela une colère qui est légitime" (Pierre Laurent)
Le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, a pour sa part réaffirmé son soutien aux salariés. "Je les soutiens, je les ai soutenus depuis le premier jour ",
a-t-il déclaré sur RMC et BFMTV. "Ce sont des familles avec des enfants, des gens qui n'ont
plus de revenus, des gens qui pour les plus âgés ne vont pas retrouver d'emploi
alors qu'ils défendent des emplois industriels qui sont utiles au pays.
Personne ne les écoute ", a-t-il dénoncé. "Effectivement, ils sont à
la limite. On voit bien qu'on ne peut pas faire ça partout en toutes
circonstances mais il y a derrière cela une colère qui est légitime ", a ajouté le sénateur de
Paris, répondant à une question sur la méthode employée.
Pour de meilleures indemnités
Les salariés de l'usine Goodyear d'Amiens Nord luttent
toujours contre la fermeture de l'usine qui emploie 1.173 personnes. S'il n'y a
pas de repreneur, la CGT exige l'amélioration des conditions de licenciement. "L'emploi
est perdu puisque depuis un an on perd tous nos jugements ", souligne Franck
Jurek. "Alors on a décidé avec les ouvriers de changer de tactique ",
explique-t-il.
La CGT demande la base du plan de départs volontaires, "c'est-à-dire le minimum de 80.000 euros pour les nouveaux embauchés et jusqu'à 180.000 euros pour les anciens, plus 1.500 euros par année d'ancienneté ", a précisé Franck Jurek. "Ensuite on demande aussi 24 mois de congé de reconversion et non pas 15 mois ", comme proposé.
Un huissier désigné
A la mi-journée, un huissier a été désigné, par ordonnance de justice, pour s'assurer de la "sécurité et de la libre circulation des biens et des personnes", dans l'usine. Cette ordonnance pourrait permettre l'intervention de la force publique si les "sommations" restent sans effets.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.