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Guadeloupe : la fin du "système béké" ?

L’île est paralysée depuis un mois par une grève générale et des émeutes contre la vie chère, qui ont fait un mort mardi. Le président Nicolas Sarkozy a reçu les présidents des collectivités locales et les parlementaires des départements d'Outre-mer. Objectif : proposer des solutions à la crise. Un enjeu de taille en Guadeloupe où 1% de la population (les békés), détient 40% de l’économie des Antilles.
Article rédigé par franceinfo
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Nicolas Sarkozy a annoncé aux élus d'outre-mer qu'il se rendrait en Guadeloupe "dès le calme revenu" pour ouvrir une série d'états généraux, afin de débattre "des grands enjeux" dans chacune des collectivités ultra-marines, selon une déclaration publiée par l'Elysée. Le président a annoncé un effort supplémentaire de 580 millions d'euros pour les DOM, dont 280 millions au titre du RSA.

Le chef de l'Etat a déclaré: ''Il me semble que la grande distribution doit aujourd'hui accepter un accord, dans tous les départements d'outre-mer, sur une liste de 100 produits de référence repérables par les consommateurs et qui seront commercialisés à un prix proche de celui de la métropole''.

Pour lui, ''on ne peut plus fermer les yeux sur ces situations oligopolistiques qui aboutissent à ce que les consommateurs se voient imposer des tarifs qui ne sont pas justifiés seulement par l'éloignement et qui sont donc ressentis comme de plus en plus injustes par toute une population''. Exemple : l'Etat serait prêt à remettre complètement à plat le système de fixation des prix des carburants.

Des premières révoltes, à l'heure de la colonisation et de l'instauration de l'esclavage, à la grève de 2009, le facteur racial a toujours radicalisé la confrontation sociale. "Rien n'a vraiment changé depuis l'esclavage: 90% de l'économie de l'île est aux mains des descendants des propriétaires d'esclaves blancs", les "békés", souligne Patricia Braflan-Trobon, qui dirige une agence nationale pour l'emploi (ANPE) depuis 18 ans. Elle parle d'un "apartheid social et économique".

Les chiffres guadeloupéens laissent entrevoir l’ampleur de la catastrophe sociale. 23% de la population active est au chômage, soit trois fois plus qu’en France. Un nombre de RMIstes très élevé, couvrant 17,8% de la population, contre 3,1% en métropole. Dans une île où le taux de chômage des jeunes entre 16 et 20 ans dépasse les 40% en Guadeloupe, "on retrouve les mêmes causes: une colère cachée mais qui bouillonne, des jeunes massivement au chômage et un sentiment d'abandon" souligne Patricia Braflan-Trobo.

Améliorer le pouvoir d'achat

"Les békés n'ont rien changé dans leurs méthodes, ils restent réfractaires à toute demande de partage des bénéfices. Ils considèrent toujours que donner un boulot à un noir, c'est déjà un cadeau. Alors une augmentation de salaires...", Patricia Braflan-Trobon est désabusée. Dans les rangs du collectif contre la vie chère, l'heure est à la réflexion sur les mesures annoncées par le chef de l'Etat. Les syndicalistes veulent les étudier avant de se prononcer.

De son côté François Fillon a annoncé ce matin que les négociations entre partenaires sociaux en Guadeloupe qui avaient été rompues le 8 février reprendront sur la base de nouvelles propositions des médiateurs. Cette négociation portera sur l'octroi d'une prime exceptionnelle mensuelle pendant deux ans exemptée de charges patronales et salariales. "L'idée est de se rapprocher des 200 euros pour les plus bas salaires" , ce qui correspond au montant réclamé par les grévistes après un mois de paralysie de l'île, a-t-il ajouté.

Dès demain François Fillon présidera une réunion interministérielle qui lancera un débat autour des thèmes de "la formation des prix, les circuits de distribution et le pouvoir d'achat", les "productions locales" et le "développement endogène", "la gouvernance au sens large", les "chantiers de la relance et les grands projets" et "la rénovation du dialogue social".

Caroline Caldier avec agences

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