: Vidéo "1914-1918, la presse et la guerre" : quand l'armée censure la presse de la Grande Guerre
A l’affut des vérités indésirables, les censeurs sont près de 5000 sur tout le territoire.
La Première Guerre mondiale a été marquée par une incroyable censure de la presse. De grands blancs sont visibles dans les journaux de l'époque. "Anastasie", une mégère armée d'une énorme paire de ciseaux - c'est le nom que l'on donne à l'État censeur depuis 1870 - est ainsi repérable par chacun. En période de guerre, comme le dira en 1917 un sénateur américain, "la première victime n'est autre que la vérité". La guerre de 1914-18 n'échappe pas à l'adage.
C'est d'abord un arsenal législatif qui va permettre à Anastasie de manifester toute son ardeur répressive. Dès août 1914, la proclamation de l'état de siège et quelques lois bien ajustées vont permettre d'exiger de la presse qu'elle soumette ses articles au principe de l'autorisation préalable. En ces temps de patriotisme aigu, ils sont nombreux à penser que cette guerre ne durera pas longtemps, alors les journaux se plient à la discipline du moment.
Mais Clemenceau fait entendre sa colère
Le 3 septembre 1914, dans son journal L'Homme Libre, Georges Clemenceau écrit : "En retour des règles sévères que nous nous imposons à nous-mêmes, le gouvernement nous doit bien quelque chose à son tour, c'est la vérité." Autrement dit, d'accord pour protéger les secrets militaires, en revanche, il est impératif que le débat reste ouvert sur la chose politique. A force de critiques, le journal de celui que l'on surnomme Le Tigre est censuré. Réponse de Clemenceau, il se rebaptise "L'Homme Enchaîné"
En fait, la presse veut surtout de quoi nourrir ses colonnes. Alors l'État réorganise la censure. On avait mis en place une maison de la presse et une petite armée de censeurs, on va créer une mission de la presse avec des reporters accrédités. Des "embeded" comme on dit aujourd'hui. Mais là encore la liberté est sévèrement encadrée. Les voyages sont "accompagnés". Et les reporters doivent soumettre leurs "papiers" avant diffusion.
Albert Londres qui était du nombre, ne va pas tarder à claquer la porte. Quant à Clemenceau, une fois redevenu président du conseil, il se montrera intraitable sur la liberté de la presse en matière d'informations à caractère militaire.
Comment les journaux ont-ils parlé de la grande guerre ? Et les poilus, que pensaient-ils du travail de la presse ? Ce contenu fait partie d'un voyage 7 vidéos de 4 minutes dans les archives de presse de la grande bibliothèque nationale de France, en partenariat avec Retronews.
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