Baisse de l'activité sexuelle : "Plus on éduque, plus on déconstruit des croyances comme celle du sexe qui serait le ciment du couple", analyse l'autrice d'un podcast sur la sexualité des jeunes

Invitée sur franceinfo mardi, Quitterie Chadefaux interprète la baisse de l'activité sexuelle des jeunes adultes à la lumière des mouvements féministes.
Article rédigé par franceinfo
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Plus d'un quart des 18-24 ans initiés sexuellement admettent ne pas avoir eu de rapport sexuel en un an, selon une étude. (MAXPPP)

Le mouvement #MeToo et les autres "mouvements féministes ont aidé à ouvrir la parole sur le sujet du consentement", a analysé l'animatrice spécialisée Quitterie Chadefaux sur franceinfo mardi 6 février, alors qu'un sondage (Ifop pour l'entreprise de sex-toys Lelo) révèle que les Français et en particulier les jeunes adultes, font de moins en moins l'amour.

Plus d'un quart des 18-24 ans initiés sexuellement (28%) admettent ne pas avoir eu de rapport sexuel en un an, contre 5% en 2006. Selon la journaliste autrice de "La chose étrange", un podcast sur l’éducation sexuelle par et pour les jeunes, "plus on éduque sur le sujet, (...) plus on déconstruit des croyances comme celle du sexe qui serait le ciment du couple".

Franceinfo : Ce qui ressort de cette étude, c'est semble-t-il, la plus grande facilité aussi des femmes à oser dire non à leur compagnon. Est-ce que c'est un effet #MeToo?

Quitterie Chadefaux : Oui, clairement, les mouvements féministes ont aidé à ouvrir la parole sur ces sujets et notamment sur le sujet du consentement qui est un mot qui n'existait même pas dans les conversations il y a encore quelques années. #MeToo a aidé, ça c'est sûr. Et je le vois notamment dans les discussions que je peux avoir avec les jeunes au sein du podcast "La chose étrange".

C'est un élément important pour eux aujourd'hui ?

C'est toujours pareil, on ne peut pas faire de généralités, il y a aussi une grande disparité chez les jeunes en fonction de l'éducation qu'ils ont reçue. On sait que plus on éduque sur ces sujets-là, et plus on a une approche de la sexualité apaisée. Je dirais peut-être que justement, on déconstruit des croyances, comme "le sexe est le ciment du couple", "il faut absolument avoir une vie sexuelle pour qu'un couple soit épanoui". Tout ça, c'est des choses qu'on peut aborder et qui, je pense, permettent de revoir un peu notre vision de la sexualité et être un peu moins dans "l'injonction à".

Ils sont plus réfractaires aux injonctions aujourd'hui, aux modèles et au schéma préconçus.

Il y a aussi une disparité entre les garçons et les filles sur ce sujet-là. Je pense que la pression de la performance, notamment dans la sexualité chez les garçons, leur rend peut-être la tâche un peu plus difficile. Peut-être que les femmes aujourd'hui acceptent un peu plus d'aller plus vers la qualité que la quantité.

On lit ici et là, depuis quelques années, des témoignages de jeunes ou moins jeunes qui se disent asexuels, pas intéressés par le sexe, voire, pour certains, dégoûtés. Est-ce qu'on en parle davantage ou est-ce que c'est un vrai phénomène qui se développe selon vous ?

Alors je pense à nouveau que c'est de la visibilisation, parce que l'orientation sexuelle ou l'orientation romantique, ce sont des sujets dont on ne parlait pas. Aujourd'hui, on en parle, on pose des mots, on autorise un peu plus, même si évidemment, les discriminations sont encore très importantes dans les cours de récréation.

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