Ce que l'on sait de la mort de Shanon, 13 ans, des suites d'un viol chez une amie, dans l'Oise

Après trois semaines passées dans le coma, Shanon a succombé à ses blessures le 27 mars. Alors que l'enterrement de la jeune fille doit se tenir le 9 avril à Caufry, dans l'Oise, les circonstances du drame restent à élucider.
Article rédigé par Clara Lainé
France Télévisions
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Le visuel qui accompagne le communiqué de la mairie de Cauffry (Oise), annonçant l'enterrement de Shanon le 9 avril 2024, après la mort de l'adolescente après un viol. (Mairie de Cauffry)

Elle aurait dû fêter ses 14 ans vendredi. Shanon sera enterrée mardi 9 avril à l'église de Cauffry (Oise). La mort de la collégienne, survenue le 27 mars, "fait suite au viol [qu'elle a] subi", a annoncé le procureur de la République de Senlis, Loïc Abrial, dans un communiqué diffusé samedi. Après trois semaines passées dans le coma, Shanon a succombé à ses blessures. Franceinfo vous résume ce que l'on sait de ce drame dont les circonstances restent à éclaircir.  

Shanon s'est rendue chez une amie où elle a été découverte inconsciente par sa mère

Le 6 mars, en début l'après-midi, Shanon se rend chez une de ses amies, qui habite à quelques kilomètres de chez elle. Selon les informations de France 3 Hauts-de-France, c'est sa mère, Ludivine, qui la dépose en voiture : "Elle m'a dit : 'A tout à l'heure maman !'". Deux heures plus tard, le téléphone sonne. L'amie de Shanon l'informe que sa fille a fait un malaise. "Je suis tout de suite partie chez sa copine", raconte Ludivine, qui découvre Shanon inconsciente. L'adolescente, en arrêt cardiaque, est alors transportée en urgence à l'hôpital.  

Là-bas, "elle n'a jamais repris conscience, elle est restée dans le coma" jusqu'à son décès,  précise l'avocat de sa famille, Frédéric Le Bonnois. Le 25 mars, le personnel médical sollicite l'autorisation de mettre fin aux soins. Une demande à laquelle accèdent les proches "car elle souffre trop". "Nous voulions qu'elle parte en paix", a expliqué la mère de la jeune fille à France 3 Hauts-de-France. La jeune fille décède le 27 mars.

Les circonstances du drame encore indéterminées 

En attendant les résultats de l'autopsie qui doivent déterminer précisément les causes du décès, plusieurs versions s'opposent. Leur seul point commun est l'identité des protagonistes : deux hommes, âgés de 18 et de 19 ans, et l'amie de Shanon, âgée de 14 ans. Selon Frédéric Le Bonnois, cette dernière "aurait contacté sur les réseaux sociaux deux personnes plus âgées, de 18 et 19 ans, qui les ont ensuite rejointes chez elle". Shanon est alors violée par l'un d'entre eux, qui lui inflige même "peut-être un acte de barbarie" avance l'avocat de la famille, affirmant que la jeune fille a été retrouvée "dans une mare de sang avec une plaie béante au vagin". Frédéric Le Bonnois précise toutefois : "Nous ne savons pas exactement ce qu'il s'est passé."  

L'avocate du principal suspect s'est offusquée mardi face aux dires de son confrère dans les colonnes du Courrier picard : "Ce que je vais dire est inaudible par rapport à ce qui a été écrit sur le sujet, mais mon client n'est pas seulement présumé innocent, il est innocent", martèle Caty Richard. "Mon client a dit devant le juge d'instruction qu'il n'y a jamais eu ni violence, ni contrainte, ni force concernant la relation qu'il a eue avec cette jeune fille," a-t-elle aussi assuré à France 3 Hauts-de-France, faisant valoir que son client "échangeait avec [Shanon] depuis un certain temps, ils se considéraient comme amis, et il n'imaginait pas une seule seconde que cette jeune fille ait 13 ans".  Son client "était persuadé qu'elle en avait 16".

L'amie de Shanon est une pièce essentielle du puzzle. "Quand Shanon a été violée, son amie était dans la chambre d'à côté", a assuré Frédéric Le Bonnois dans les colonnes du Parisien, lundi. Son avocat, Maxime Gallier, a de son côté affirmé que sa cliente "a dû procéder, non sans courage, à un massage cardiaque de son amie inanimée, entourée de sang, en tentant de la ramener à la vie de toutes ses forces pour lui éviter le pire" avant d'ajouter qu'elle a été "elle-même soumise à des actes sexuels forcés". "C'était sa sœur de cœur. C'était tout pour Shanon cette fille", a déclaré la mère de la victime à France 3 Hauts-de-France. 

Trois personnes mises en examen 

Les trois personnes présentes le jour des faits ont été mises en examen. Le principal suspect, poursuivi pour "viol commis sur un mineur de 15 ans par un majeur avec différence d'âge d'au moins 5 ans", est le seul à avoir été placé en détention provisoire, a précisé le procureur Loïc Abrial.

Selon une loi promulguée en 2021, un adulte "ne peut se prévaloir du consentement sexuel d'un mineur ayant moins de 15 ans", à l'exception d'une relation librement consentie entre deux personnes ayant moins de cinq ans d'écart d'âge, rappelle l'AFP. Après le décès de Shanon, la saisine du juge d'instruction a été étendue à la qualification de "viol ayant entraîné la mort". Le jeune homme de 19 ans encourt 30 ans de réclusion criminelle.  

L'autre majeur, âgé de 18 ans, et l'amie de Shanon ont été mis en examen pour "abstentions volontaires d'empêcher un crime". Tandis que le premier est sous contrôle judiciaire, la seconde a été placée sous mesure éducative judiciaire provisoire. Aucune des trois personnes n'a d'antécédents judiciaires, a précisé le procureur de Senlis. Frédéric Le Bonnois a expliqué à RMC que la famille de la victime "n'a pas de haine contre les mis en examen et veut surtout savoir ce qu'il s'est passé".

L'enterrement doit se tenir le 9 avril 

L'heure est au recueillement. Une cagnotte a été mise en ligne "afin d'aider les parents à enterrer leur fille dignement". Elle cumulait, jeudi après-midi, près de 19 000 euros. Sur sa page Facebook, la mairie de Cauffry, d'où est originaire Shanon, a publié un communiqué dans lequel elle annonce que les obsèques "auront lieu mardi 9 avril 2024 à 15h à l'église de Cauffry", précisant que son accès "sera réservé à la famille, aux collégiens et aux proches".

La famille demande aux personnes qui assisteront à la cérémonie de ne pas s'habiller en noir, de porter des vêtements colorés et d'apporter une rose blanche ou rouge, les "couleurs préférées" de Shanon, selon sa mère. 

Une marche blanche est aussi prévue dans les jours qui suivront. "Nous n'avons pas encore la date, mais elle aura pour objectif de sensibiliser les jeunes aux dangers des réseaux sociaux", a déclaré Virginie Garnier, la maire de Cauffry, au Parisien. La cellule psychologique mise en place par l'académie d'Amiens (Somme) est toujours à la disposition des élèves du collège dans lequel Sharon effectuait sa scolarité. 

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