Etats-Unis : les trois affaires d'abus sexuels qui visent Brett Kavanaugh, candidat de Donald Trump à la Cour suprême
Une troisième accusatrice a révélé mercredi avoir été avoir été témoin de comportements inappropriés de la part du juge Kavanaugh et avoir été victime d'un viol collectif lors d'une soirée alcoolisée où il était présent.
Pour la première fois depuis le début de l'affaire, le soutien de Donald Trump à Brett Kavanaugh n'apparaît plus aussi inconditionnel. Le président des Etats-Unis a indiqué, mercredi 26 septembre, qu'il pourrait retirer la candidature du juge à la Cour suprême s'il était convaincu de sa culpabilité : le magistrat est accusé d'abus sexuels par trois femmes.
La première, Christine Blasey Ford, a accepté de venir témoigner, jeudi 27 septembre, au Sénat, lors d'une audience qui sera retransmise en direct à la télévision. Depuis qu'elle est sortie de l'ombre, à contrecœur, deux autres femmes, ont, dans son sillage, témoigné d'abus impliquant Brett Kavanaugh. Voici leurs récits.
Christine Blasey Ford l'accuse d'agression sexuelle
Christine Blasey Ford, une universitaire de 51 ans, a témoigné en détail dans le Washington Post (en anglais). Elle affirme avoir été agressée au début des années 1980 par Brett Kavanaugh et un ami, Mark Judge, alors qu'ils étaient "complètement ivres". Brett Kavanaugh l'aurait maintenue de force sur un lit, avant de se livrer à des attouchements par dessus ses vêtements, qu'il aurait tenté de lui retirer. Quand elle aurait tenté de crier, il lui aurait couvert la bouche avec la main. Elle avait finalement pu se dégager et quitter la pièce.
Après avoir tenté en vain d'obtenir une enquête du FBI, qui selon elle aurait pu étayer ses propos, Christine Blasey Ford a accepté de venir témoigner publiquement devant la commission judiciaire du Sénat. "Je n'ai qu'une motivation : dire la vérité", a-t-elle écrit au président de la commission. "Mon désir sincère est de vous aider à prendre votre décision", a-t-elle ajouté dans ce courrier diffusé lundi.
Vendredi dernier, le président Trump avait semblé mettre en doute ses propos en s'étonnant qu'elle soit restée silencieuse pendant plus de trente-cinq ans. "Si les attaques avaient été aussi graves que ce que dit le Dr. Ford, il y aurait eu une plainte d'elle ou de ses parents aimants", a-t-il tweeté. Il a immédiatement été accusé de mal comprendre le traumatisme des victimes de violences sexuelles, un sujet sensible depuis l'éclosion du mouvement #MeToo.
Deborah Ramirez l'accuse de l'avoir contrainte à toucher son sexe
Une ancienne connaissance du juge, Deborah Ramirez, 53 ans, a affirmé dans le magazine New Yorker (en anglais) que, lors d'une soirée arrosée à l'université de Yale, dans les années 1980, Brett Kavanaugh avait sorti son sexe devant son visage, la contraignant à le toucher alors qu'elle le repoussait.
L'incident aurait eu lieu après un jeu d'alcool pendant lequel elle aurait été désignée de manière répétée pour boire. Du fait de son état d'ébriété, Deborah Ramirez reconnaît des trous de mémoire dans ses souvenirs de la soirée, mais affirme : "Je suis certaine que des pantalons ont été remontés, et je suis certaine que Brett Kavanaugh était là." "J'étais embarrassée, honteuse et humiliée", a-t-elle confié aux journalistes du New Yorker. Deborah Ramirez a aussi demandé une enquête du FBI pour étayer ses déclarations.
La magistrat, de son côté, a hurlé à la "calomnie" et est allé lundi sur les plateaux de télévision pour clamer son innocence. Mardi, le président Trump s'en est pris à Deborah Ramirez. "La seconde accusatrice n'a rien. Elle s'imagine qu'il a pu s'agir de lui ou peut-être pas", a-t-il commenté, en dressant la liste des points faibles de son témoignage : "Elle admet qu'elle était saoule, totalement confuse", "elle admet des trous de mémoire."
Julie Swetnick l'accuse d'avoir participé à des viols collectifs
Une troisième femme a porté des accusations d'abus sexuels à l'encontre de Brett Kavanaugh mercredi, la veille de l'audition devant le Sénat de Christine Blasey Ford. Dans une déclaration sur l'honneur rendue publique par son avocat Michael Avenatti, Julie Swetnick accuse Brett Kavanaugh et Mark Judge, déjà cité par sa première accusatrice, d'avoir fait partie dans leur jeunesse d'un groupe de garçons qui tentaient de faire boire ou droguer des filles en vue d'abuser d'elles. Elle a également affirmé avoir été elle-même victime d'un viol collectif lors d'une fête où Brett Kavanaugh était "présent" vers 1982.
Below is my correspondence to Mr. Davis of moments ago, together with a sworn declaration from my client. We demand an immediate FBI investigation into the allegations. Under no circumstances should Brett Kavanaugh be confirmed absent a full and complete investigation. pic.twitter.com/QHbHBbbfbE
— Michael Avenatti (@MichaelAvenatti) September 26, 2018
"A plusieurs reprises lors de ces fêtes, j'ai vu Mark Judge et Brett Kavanaugh boire de manière excessive et avoir un comportement totalement inapproprié, notamment en devenant très agressifs avec les filles et en n'acceptant pas qu'elles puissent dire 'non'", écrit-elle, les accusant aussi d'avoir "caressé et peloté des filles sans leur consentement".
"Brett Kavanaugh et d'autres tentaient de soûler et de désorienter les filles à un point qu'elles pouvaient être violées en réunion dans une pièce ou une chambre à l'écart, par une série de nombreux garçons", relate-t-elle.
J'ai un souvenir vivace de garçons alignés à l'extérieur de ces chambres lors de ces soirées, attendant leur 'tour' avec la fille à l'intérieur.
Julie Swetnick
"En 1982, j'ai été victime d'un de ces viols collectifs", confie-t-elle, en expliquant avoir été incapable de se défendre, probablement sous l'effet d'une drogue. "Mark Judge et Brett Kavanaugh étaient présents", affirme-t-elle sans donner plus de détails.
Sa déclaration a été transmise à la commission judiciaire du Sénat, chargée d'évaluer les candidats à la Cour suprême, par son avocat Michael Avenatti, qui défend déjà l'actrice de films pornographiques Stormy Daniels, engagée dans une bataille judiciaire avec Donald Trump. Les avocats de la commission ont commencé à l'examiner, selon un porte-parole.
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