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L'acteur américain Aziz Ansari, accusé d'agression sexuelle, au cœur d'un débat sur le consentement

Le site Babe.com a publié le récit d'une jeune femme anonyme qui dit s'être "sentie violée" à l'issue d'un rendez-vous avec l'humoriste. Lequel assure qu'il pensait qu'elle était d'accord pour avoir des relations sexuelles.

Article rédigé par Margaux Duguet
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'acteur américain Aziz Ansari, le 5 juin 2017, à Hollywood, en Californie.  (ALBERTO E. RODRIGUEZ / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

Le débat fait rage aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, mais n'a eu que peu d'échos en France. Sans doute parce que l'acteur impliqué dans l'affaire n'est que peu connu dans l'Hexagone. Créateur de la série Master of None, diffusée sur Netflix, Aziz Ansari cristallise le débat sur la notion de consentement. L'humoriste a en effet reconnu avoir eu une relation sexuelle avec une femme qui l'accuse d'agression sexuelle. Mais pour ce dernier, la relation était "totalement consentie". Résultat : éditorialistes et médias anglo-saxons se déchirent sur cette histoire. Franceinfo vous résume la polémique.

Que s'est-il passé ?

Le site internet féministe Babe.com (en anglais) a révélé le témoignage de la jeune femme, dimanche 14 janvier. Une photographe de 23 ans, simplement identifiée par le prénom de Grace, affirme avoir rencontré Aziz Ansari en septembre 2017 lors d'une soirée après la cérémonie des Emmy Awards. Ils se revoient quelques jours plus tard pour un rendez-vous galant à New York. La soirée se poursuit dans l'appartement de l'acteur où il se serait livré à des avances agressives répétées malgré les "signaux verbaux et non verbaux" de la jeune femme indiquant, selon elle, qu'elle ne souhaitait pas avoir de relations sexuelles avec lui.

Je sais que j'envoyais physiquement des signaux montrant que je n'étais pas intéressée. Je ne pense pas qu'ils aient été remarqués ou, s'ils l'ont été, ils ont été ignorés.

Grace

à Babe.com

La jeune femme raconte que le comédien "ne cessait (...) de mettre ses deux doigts dans ma bouche et dans ma gorge, puis de les mettre dans mon vagin". Elle dit avoir fini par accepter de faire une fellation à Aziz Ansari. "J'ai pleuré pendant tout le chemin du retour. Je me suis sentie violée. Je n'ai eu aucun contrôle sur cette dernière heure", assure-t-elle.

Je pense qu'Aziz a profité de moi. Je n'ai pas été écoutée mais ignorée. C'est de loin la pire expérience avec un homme que j'aie jamais eue.

Grace

à Babe.com

Comment se défend le comédien ?

L'acteur a reconnu leur rencontre tout en arguant que toute activité sexuelle "était selon toutes les indications totalement consentie""Le lendemain, j'ai reçu un SMS d'elle disant que même si 'ça semblait OK', à la réflexion, elle se sentait mal à l'aise, a-t-il dit. C'est vrai que tout m'a paru OK donc quand j'ai entendu que ce n'était pas le cas pour elle, j'ai été surpris et inquiet."

Cette histoire est aussi à mettre en lumière au regard des positions d'Aziz Ansari. Car l'humoriste n'a jamais caché son engagement pour la cause féministe. Il soutient ainsi le mouvement #MeToo, qui vise à libérer la parole des femmes contre le harcèlement sexuel, et qui a été déclenché après les accusations début octobre contre le producteur hollywoodien Harvey Weinstein.

Quelles sont les réactions ?

Le comportement d'Aziz Ansari correspond-il à une agression sexuelle, au regard du témoignage de Grace ? La question divise aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, raconte Courrier international, qui a compilé les réactions des différents médias anglo-saxons. Il y a d'abord ceux qui soutiennent Grace et condamnent l'acteur. "Personne ne dit que ce dont [il] est accusé est à mettre sur le même plan que les exactions de Weinstein, écrit Emily Reynolds dans le Guardian. Nous voulons juste rappeler que l’existence de ces comportements abusifs à des degrés différents affecte de manière négative et constante la vie des femmes." Jamil Smith, journaliste au Los Angeles Times et au HuffPost, assure sur Twitter qu'"au regard des faits rapportés, il a l'air de n'avoir aucune compréhension de ce qu'est le consentement".

De l'autre côté, il y a ceux qui jugent que cette affaire va trop loin, à l'image de Caitlin Flanagan dans The Atlantic. "Professionnellement, c’est aujourd’hui un homme mort, dénonce-t-elle. Assassiné par le récit anonyme d’une femme." Pour elle, la situation ressemble à un cas de "revenge porn", une pratique qui consiste à se venger d'un ex en publiant des photos ou des vidéos intimes sur internet. Sonny Bunch, du Washington Post, est du même avis.

Des mauvais rencards, même ceux qui sont humiliants, ne valent pas la peine de paraître dans les journaux, même s'ils arrivent à des personnes célèbres.

Sonny Bunch, journaliste au "Washington Post"

L'Express a également repéré la prise de parole de la journaliste de CNN, Ashkeigh Banfield, pour qui Grace est coupable de ne pas avoir porté plainte. "Ta rencontre sexuelle n'a pas été agréable, certes, mais ça n'a pas affecté ton travail ou ta capacité à trouver un emploi. (...) Si tu as été agressée, va voir la police. Tout de suite", dit-elle face caméra.

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