"Le phénomène est en expansion et nous inquiète" : la pédocriminalité en streaming dans le viseur des autorités françaises
Le parquet de Paris instruit actuellement onze dossiers concernant des affaires de pédocriminalité en "live-streaming".
Le mode opératoire est toujours le même : les suspects commandent et payent - à des montants dérisoires - des séquences de "live streaming", c'est-à-dire en direct vidéo sur internet. De l'autre côté de l'écran aux Philippines, des mineurs, parfois des nourrissons, se font agresser sexuellement ou violer. Le 13 janvier et pour la première fois en France, un homme a été condamné pour des faits de complicité d’agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans en direct sur internet. Ce pilote de ligne a écopé de cinq ans de prison.
La piste des flux financiers
Les enquêtes impliquant des commanditaires français se multiplient à l'Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP). "Si on avait un ou deux cas il y a quatre ans, on en a plusieurs dizaines possibles en portefeuille et le phénomène est en expansion et nous inquiète évidemment vivement", explique Philippe Guichard, directeur de l’OCRVP.
Au service des mineurs, treize enquêteurs sont mobilisés. Ils connaissent bien les affaires de "live streaming". Les agents remontent vers de potentiels suspects grâce notamment au signalement des agences de police américaines, plus en pointe, mais pas uniquement. "On essaye d’établir des flux financiers entre ‘ces clients’ et les Philippines, indique Philippe Guichard, par le biais par exemple de Tracfin, une agence française qui travaille sur les flux financiers. On a aussi des échanges fréquents avec par exemple Western Union, une société qui permet aux Occidentaux [de payer à l'étranger et donc] d’acheter ces séquences. On peut remonter parfois sur plusieurs dizaines d’échanges plus ou moins abject".
Coopération internationale
Le parquet de Paris instruit actuellement onze dossiers. Pour davantage d'efficacité, depuis octobre dernier, il est le seul à être compétent en France sur les affaires de "live streaming". "Il est toujours plus simple de nouer des contacts en bilatéral que de demander à un pays étranger de nouer ces contacts avec 70 parquets en France, affirme Aude Groualle, cheffe de la section des mineurs au parquet de Paris. "L’idée est aussi, face à ce nouveau phénomène, complexe en terme de recueil des preuves, continue-t-elle, de permettre à un parquet de monter en compétence sur le sujet, de nouer des liens avec tous les interlocuteurs."
C’est vraiment l’ambition du parquet de Paris de monter ces enquêtes de façon commune avec les pays étrangers.
Aude Groualle, cheffe de la section des mineurs au parquet de Parisà franceinfo
Le parquet de Paris multiplie les partenariats avec certains pays d’Asie pour identifier et peut-être un jour permettre une indemnisation des victimes, dont on ignore le nombre.
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