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"On se bat pour que d’autres victimes de viol puissent parler avant qu’il ne soit trop tard" : un appel au combat collectif sur les réseaux sociaux

Des militantes contre les violences sexuelles lancent une campagne sur les réseaux sociaux. Elles demandent que ces crimes commis contre des mineurs deviennent imprescriptibles.

Article rédigé par franceinfo - Margaux Stive
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Campagne contre les violences sexuelles menée sur les réseaux sociaux par des victimes de viol, 19 juin 2020. (#AmnesieTraumatique"#StopPrescription)

La photo a été postée sur les réseaux sociaux. Sarah Abitbol porte, comme les autres victimes, un panneau dans les mains. Dessus, il est écrit : "Sarah, violée à 15 ans. 11 ans d'amnésie. Trente ans de silence". "Ça paraît inconcevable et on se dit mais comment c'est possible ? Mais j'ai tout oublié et je croisais mon agresseur. Je le voyais. Et à aucun moment, j'ai pensé ça. J'ai oublié", explique la patineuse.

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#AmnesieTraumatique #StopPrescription: lancement d’une campagne collective sur les réseaux sociaux Chers amis et chères amies, Après la campagne #Iwas et #Purplesummer dans le sillage du confinement qui a malheureusement vu une hausse des violences faites aux femmes et aux enfants, il nous semble important de relancer nos combats collectifs pour mieux combattre l’impunité de la #Pedocriminalite et de l’ #inceste en demandant une évolution législative. Aux côtés de l’ Association Mémoire Traumatique et Victimologie de la Dre Muriel Salmona de l’AFFA avec Marie Rabatel de Moiaussiamnésie et le soutien de Nadège Beausson-Diagne (collectif #MemePasPeur), Sarah Abitbol et Andréa Bescond nous lançons une campagne sur les réseaux sociaux destinée à interpeller le Gouvernement sur les demandes suivantes: Nous demandons: ➡️L’introduction de l’ #AmnesieTraumatique dans la loi ➡️La levée de prescription pour les victimes d’un même #Pedocriminel ➡️L’imprescriptibilité des crimes sexuels sur mineur.e.s Nous appelons l’ensemble des victimes qui le souhaitent à rejoindre ce combat collectif en se prenant en photo et en la diffusant sur les réseaux sociaux avec la proposition de modèle suivante: Prénom (ou pseudo), violée à (âge). X années d’ #AmnesieTraumatique et les # #Pedocriminalite #StopPrescription Et en identifiant les responsables suivants: Alexandra Louis Marlène Schiappa Adrien Taquet Nicole Belloubet Edouard Philippe et Emmanuel Macron La députée Alexandra Louis est actuellement en train de réaliser une mission d’évaluation de la loi sur les violences sexuelles et sexistes du 3 août 2018. Dans ce cadre, elle a notamment auditionné Muriel Salmona, Marie Rabatel, Andréa Bescond, Nadège Beausson-Diagne, Sarah Abitbol et moi même. L’introduction de l’amnésie traumatique et la levée de prescription pour les prédateurs pédocriminels figurent parmi les options étudiées. Mme Louis devrait rendre son rapport en septembre. D'avance merci pour votre participation. Ensemble plus fort.e.s! Bonne journée à toutes et à tous, Mie Kohiyama présidente de MoiAussiAmnesie

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Pendant des années, Sarah Abitbol ne s'est pas souvenue de ces agressions qu’elle raconte avoir subies de la part de son entraîneur, Gilles Beyer dans un livre sorti au début de l’année Un si long silence. "Je me suis enfermée dans ce silence pendant 30 ans. Je n’osais pas parler. J’avais peur, j’avais honte. Je ne pouvais pas prononcer ce mot viol", témoigne-t-elle. "On pense que ce silence va nous aider mais en fait on est des handicapées de la vie. On a toujours quelque chose qui ne va pas parce qu’on n’est pas sorties de ce silence. Et c’est pour ça qu’aujourd’hui on se bat pour que d’autres victimes puissent parler avant qu’il ne soit trop tard".

L'amnésie traumatique, une "défense" à court terme

Un phénomène que l'on appelle l'amnésie traumatique, qui touche en particulier les enfants victimes de violences sexuelles. Résultat : la plainte de Sarah Abitbol n'est plus recevable aujourd'hui. Une injustice qu'il faut à tout prix réparer, estime la patineuse. Pour elle, il faut permettre aux victimes de porter plainte toute leur vie. "Je suis sûre qu'il ne faut aucune limite parce que ça prend beaucoup de temps. Parfois, ça peut prendre 30 ans".

On a trois cas de femmes qui ont vécu la même chose que moi, malheureusement, du même agresseur. Nous avons prescription. Cet homme est toujours dehors, donc il peut encore nuire. Et ça, ça n'est pas normal. Ça ne doit pas exister.

Sarah Abitbol

à franceinfo

Depuis 2018 la loi permet de porter plainte jusqu’à 30 ans après la majorité de la victime. C’est mieux qu’avant mais c’est toujours trop peu, disent ces militantes.

"Il faut vraiment faire bouger les choses. Ce n’est pas important, c’est vital. Ce ne serait pas les Jeux olympiques qu’on gagne. Ce sont des vies et ça, ça n’a pas de prix", plaide Sarah Abitbol.

Une mission d'évaluation a été lancée sur cette question par Marlène Schiappa au début de l'année. Elle devrait rendre ses conclusions après l'été.

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