Discrimination chez Michelin : "On faisait tout pour me faire passer pour une menteuse" et "on ne m'a suggéré que la porte"
Le groupe Michelin a été condamné, lundi, par le conseil des prud'hommes de Clermont-Ferrand, à verser près de 630 000 euros à une ancienne pilote de ligne de Michelin Air Services pour "discrimination liée au sexe", "harcèlement" et "licenciement sans cause réelle et sérieuse".
Recrutée comme pilote de ligne en juillet 2012 dans la compagnie aérienne Michelin Air Services, Virginie est la seule femme pilote de la société. Elle se rend compte qu’elle n’est pas traitée comme ses collègues masculins. "On faisait tout pour me faire passer pour une menteuse" et "on ne m'a suggéré que la porte de sortie", témoigne cette femme aujourd'hui âgée de 36 ans, sur France Bleu Pays d'Auvergne.
En arrêt maladie pendant un an pour dépression, elle a été déclarée inapte par la médecine du travail et a été licenciée en juin 2017. Discrimination liée au sexe, harcèlement, licenciement sans cause réelle et sérieuse : Michelin a été condamné sur tous ces points, lundi 1er avril, par le conseil de prud'hommes de Clermont-Ferrand. Il donne raison à cette femme qui a travaillé pendant cinq ans dans la compagnie aérienne du groupe. À l'issue du jugement, Virginie obtient près de 630 000 euros de dommages et intérêts.
Moi, je m'attendais vraiment à obtenir du soutien en fait.
Virginieà France Bleu Pays d'Auvergne
"À partir du moment où j'ai trouvé la force et le courage de libérer la parole pour aller dénoncer ce que je vivais au quotidien, ça a été la double peine", raconte Virginie. On lui a alors suggéré que "la porte de sortie était grand ouverte si [elle] n'était pas en accord avec les méthodes managériales employées".
"Je me suis dit 'là devant les faits ils ne vont pas rester de marbre, ils vont me soutenir, ils vont faire quelque chose, ils vont agir'", se souvient-elle, car elle avait l'image d'une entreprise avec "des valeurs humaines importantes. Là, j'ai déchanté, c'est vrai".
Un manque de soutien dur à vivre
Virginie estime que "cela a peut-être été ça le plus dur en fin de compte". C'est pour ça que l'ex-salariée de Michelin Air Services a choisi le combat aux prud'hommes, "parce que [elle] estime le groupe Michelin bien plus responsable de ce qui [lui] est arrivé que la personne qui est à l'origine du harcèlement".
"C'est ça aussi que je reproche à Michelin, c'est d'être venu dire : 'c'est la faute de la victime finalement si elle devient victime'. Michelin savait, Michelin aurait dû faire, Michelin n'a pas fait", conclut son avocate Emmanuelle Richard.
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