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Vidéo "Il faut le dire : vous vous effondrez" : des victimes de "La Ligue du LOL" témoignent

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“Ligue du LOL” : le récit de quatre victimes
“Ligue du LOL” : le récit de quatre victimes “Ligue du LOL” : le récit de quatre victimes
Article rédigé par Marion Bothorel, Valentine Pasquesoone
France Télévisions - Rédaction Sport

Un groupe Facebook actif depuis 2009, "La Ligue du LOL", a été à l'origine d'un harcèlement ciblé et organisé sur les réseaux sociaux. Quatre de leurs victimes témoignent auprès de franceinfo. 

"Ils étaient vraiment plusieurs, en tirs groupés. Et c'était ça qui était très, très angoissant." Florence Porcel est l'une des victimes de "La Ligue du LOL". La vulgarisatrice scientifique a subi pendant des années un violent harcèlement sur les réseaux sociaux qui s'est même traduit dans la vie réelle. La scène s'est déroulée il y a près de sept ans, mais celle qui travaillait à l'époque sur l'émission "Le Grand Webzé" n'a rien oublié. "Ils sont venus me trouver, m'encercler, pour me demander de leur présenter François Rollin, qui était le coanimateur" de l'émissionse remémore-t-elle. Ce harcèlement avait commencé par des vagues de tweets malveillants, venant de plusieurs comptes, identifiables ou anonymes.

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Le même mode opératoire est raconté par les victimes contactées par franceinfo. Des dizaines de personnes humiliaient, insultaient et menaçaient des internautes connus sur Twitter.

Une "bande de copains" influents

En 2009, lorsque le groupe est créé, les internautes sont encore peu à avoir investi le réseau social au petit oiseau bleu. Les jeunes journalistes, communicants et blogueurs présents se connaissent, au moins de nom ou de pseudo. Parmi eux, les membres de "La Ligue du LOL" sont influents et travaillent pour la plupart dans les médias, la communication et la publicité. "Une bande de copains", selon Galliane, ancienne blogueuse et community manager. Ils décident de s'attaquer aux personnes "qui avaient de la visibilité sur Twitter", d'après Christophe Ramel, lui aussi community manager freelance et blogueur pendant plusieurs années. 

Leurs cibles sont souvent des femmes qui travaillent dans les mêmes milieux qu'eux. "Ma femme, qui est également journaliste, était blogueuse à l'époque, et tenait un blog qui parlait de sa vie de femme, de mère, de sa vie professionnelle", explique Thomas Messias, professeur de mathématiques dans le Nord et pigiste à Slate. Il a lui aussi été victime de harcèlement de la part de membres de "La Ligue du LOL" : "Ces gens, à chaque publication (...), se moquaient quel que soit le sujet."

Ils avaient créé un hashtag avec le nom de mon blog et ils partageaient tout un tas de contenus vraiment obscènes par ce biais-là. Une fois, une personne a même donné [sur Twitter] mon adresse, ma vraie adresse.

Christophe Ramel, ancien community manager et blogueur

à franceinfo

Les membres de "La Ligue du LOL" forment une communauté soudée et réactive. Le harcèlement qu'ils exercent à l'encontre de leurs cibles est organisé au sein du groupe Facebook, comme l'explique Christophe Ramel : "Dès qu'il y avait une personne qui en parlait, dans les 20, 25 minutes, il y en avait une dizaine qui rebondissaient." 

"On se dit qu'on n’a pas le droit d'exister"

Les insultes sont misogynes, racistes, homophobes, antisémites, grossophobes. Des victimes découvrent leur visage sur des montages humiliants, souvent à caractère pornographique. Un harcèlement d'autant plus violent que les membres de "La Ligue du LOL" sont très suivis sur Twitter. Leurs messages sont relayés par leurs followers, augmentant la souffrance de leurs victimes. "Si tous les jours, à chaque fois que vous tweetez, quelqu'un vient pour vous harceler, vous pétez un plomb", raconte Galliane.

La vingtaine de victimes contactée par franceinfo espère que ces révélations alerteront sur la réalité du cyberharcèlement : "Quand on nous dit qu'on n’a pas le droit d'exister virtuellement, on se dit qu'on n’a pas le droit d'exister non plus dans la vraie vie", conclut Thomas Messias. 

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