Rosa Murcia Gangloff, marathonienne aux Jeux paralympiques de Paris, porte plainte contre son club de Béziers pour harcèlement et discrimination
Rosa Murcia Gangloff, arrivée quatrième au marathon des Jeux paralympiques de Paris 2024, a porté plainte contre le club d'athlétisme de Béziers (BCAM), pour harcèlement et discrimination, révèle mercredi 6 novembre France Bleu Hérault. "Voilà trois ans que cela dure, il faut que cela cesse", explique la para-athlète malvoyante, diplômée d'Etat, qui entraîne les jeunes licenciés du club depuis 12 ans.
Depuis trois ans, Rosa Murcia Gangloff affirme être victime de harcèlement moral répété, de discriminations liées à sa pathologie, et être mise à l'écart. Elle accuse le président de l'association qui l'emploie, un autre entraîneur et le secrétaire du club. Une plainte contre X pour harcèlement et violences morales a été déposée auprès du procureur de la République de Narbonne, car elle réside dans l'Aude.
"On a osé dire auprès de certains élus que j’étais incompétente parce que je ne voyais rien", s'indigne la marathonienne. Lors d'une récente visite, son ophtalmologiste n'a émis aucune contre-indication à l’exercice de sa profession. "Tout récemment la médecine du travail a confirmé que j’étais apte", poursuit l'athlète. "Mon handicap ne m’empêche pas d’entraîner mes athlètes et de faire les compétitions", insiste celle qui a détenu le record de France du 10 000 m pendant 20 ans, jusqu'en 2012.
La marathonienne dénonce une "jalousie mal placée"
Rosa Murcia Gangloff s'estime victime d’une cabale depuis sa prise de position il y a un peu plus de trois ans, après l’éviction de l'ancien président à la suite des affaires de viol et agressions sexuelles au sein du club. "On vient me créer des histoires devant les enfants. On dénigre mon implication. Je suis systématiquement mise sur la touche", raconte-t-elle, affirmant que son "employeur ne lui transmet plus les informations nécessaires au bon fonctionnement, à la vie du club, aux compétitions".
Cet été, Rosa Murcia Gangloff a reçu un mail du club lui demandant de reprendre le travail le 4 septembre. "Ils savaient très bien que je courais le marathon [des Jeux paralympiques de Paris] le 8 septembre", souligne-t-elle. "Deux jours avant l’épreuve, j’ai reçu un autre mail m’informant que j’avais une nouvelle mission, que désormais je n'entraînais plus les benjamins, mais les oisillons", poursuit-elle. Dans son contrat, il est écrit qu'elle doit entraîner les demi-fond toute catégorie. Elle estime que tout est fait pour la "déstabiliser".
"Je me sens libérée de vous dire tout ceci, libérée de porter plainte. J’ai un poids en moins. Je veux que la vérité éclate. Je n’en peux plus, sincèrement."
Rosa Murcia Gangloff, para-athlèteà France Bleu Hérault
La para-athlète affirme qu'elle est courtisée par de nombreux autres clubs depuis sa quatrième place aux Jeux de Paris. Elle s'étonne que "le club de Béziers ne profite pas de [sa] popularité" et dénonce "une jalousie mal placée". Rosa Murcia Gangloff assure avoir "accumulé les preuves, les témoignages".
Des "propos odieux et dénigrants"
Un témoin confie à France Bleu Hérault qu'il a "récemment" dû s'interposer alors que le président du club arrivait vers elle de manière agressive. "Il a été très agressif envers elle le jour même de son retour des Jeux", affirme-t-il. Un autre témoin dit avoir été "choqué des propos odieux et dénigrants tenus par le président envers Rosa sur son incompétence à encadrer des jeunes à cause de son handicap visuel, qu'elle n'y voyait pas à 10 mètres, que sa place n'était pas ici, que le club était prêt à se débarrasser de ses services, quitte à aller en justice".
La marathonienne a récemment rencontré l'élu chargé des Sports à la mairie de Béziers ainsi que l'ancienne députée Emmanuelle Ménard. Elle doit être reçue par le maire de la commune, Robert Ménard, fin novembre.
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