Il se suicide après avoir demandé le droit de mourir à Sarkozy
"Vous ne m'avez pas laissé le choix" déclare Rémy Salvat, 23 ans, à l'adresse du président de la République dans un enregistrement sonore qu'il a laissé à ses parents.
Atteint d'une maladie mitochondriale (pathologie dégénérative rare) depuis l'âge de six ans, le jeune homme s'est donné la mort le week-end dernier avec des médicaments à son domicile de Valmondois, près de Paris. En mai, alors que son état se dégradait sérieusement, Rémy avait écrit au président Sarkozy. Dans son courrier, il demandait qu'on lui "permette de mourir pour le libérer de (s)es souffrances".
"Je sais qu'en France, il n'y a pas de loi qui permette aux équipes médicales de pratiquer l'euthanasie. Ca m'empêche de vivre en paix (...) Il faut que la loi change !", écrivait-il. "Le problème est que vous, Monsieur Nicolas Sarkozy, vous ne voulez pas en entendre parler. Moi, Rémy Salvat, je vous demande de laisser de côté votre avis personnel et d'arrêter d'être sourd", concluait-il.
Mercredi dernier, le jeune homme a reçu une réponse de l'Elysée. "Pour des raisons philosophiques personnelles, je crois qu'il ne nous appartient pas, que nous n'avons pas le droit, d'interrompre volontairement la vie", y expliquait le président. "Mais je ne veux pas fuir mes responsabilités", ajoutait-il. "Je voudrais que soit privilégié le dialogue au chevet du malade, entre lui-même, le médecin et la famille, en toute humanité afin que soit trouvée la solution la plus adaptée à chaque situation".
En France, une loi de 2005 instaure, dans certains cas, une sorte de droit au "laisser mourir" par l'arrêt de tout traitement, mais ne permet pas aux médecins de pratiquer une euthanasie active.
Dans l'enregistrement sonore que Rémy a laissé, il demande à ses parents "de poursuivre son action pour qu'il y ait un vrai débat public sur le droit à l'euthanasie et au suicide assisté". Un débat qui ne cesse d'être alimenté avec les cas récents de plusieurs malades, comme Chantal Sébire ou Vincent Humbert, qui avaient demandé en vain le droit à l'euthanasie et se sont donnés la mort.
Anne Jocteur Monrozier, avec agences
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