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Immigration : le gouvernement est "sur un terrain dangereux" en "laissant croire qu'une minorité d'abus correspond à la majorité", estime une députée LREM

La députée LREM des Alpes-de-Haute-Provence Delphine Bagarry a signé la tribune s'opposant aux mesures du gouvernement sur l'immigration. Elle s'explique sur franceinfo.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La députée LREM Delphine Bagarry, le 8 novembre 2017 à l'Assemblée nationale. (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

Les mesures prises par le gouvernement pour mieux encadrer l'accès aux soins des migrants qui arrivent en France est un "terrain dangereux", en laissant "croire qu'une minorité d'abus correspond à la majorité", a estimé vendredi 8 novembre Delphine Bagarry, députée LREM des Alpes-de-Haute-Provence et médecin, signataire d'une tribune pour s'opposer à ces mesures. Une tribune signée par onze députés, qui disent refuser de définir l'immigration comme un poids pour la France.

franceinfo : Le dernier sondage Odoxa pour franceinfo dit que les questions liées à l'immigration ne sont pas la priorité des Français, ça va plutôt dans votre sens ?

Delphine Bagarry : Je pense que c'est vrai. On a toujours dit que la santé était la priorité des Français dans un contexte où, effectivement, les hôpitaux et les urgences sont en souffrance. Mais par rapport aux étrangers, ce qui est très dangereux, nous semble-t-il, c'est qu'on va accentuer les difficultés de l'accès aux soins de ces personnes là, des personnes qui arrivent d'ailleurs en bonne ou en mauvaise santé, peu importe. On sait, notamment pour l'aide médicale d'État [AME], que seulement 12% de ceux qui sont sur le territoire français, pour la première année, la demandent. Donc, on voit bien que ça correspond déjà à peu de personnes.

Vous faites partie de la majorité, vous pensez que c'est un terrain dangereux de se positionner sur le terrain de prédilection de l'extrême droite ?

Le terrain est dangereux en laissant croire que peut-être une minorité d'abus correspond à la majorité. Et ça, effectivement, c'est un discours qui attise la peur, qui fait croire que la fraude est de règle. Il y a quand même du positif dans les mesures du gouvernement. Reconnaître qu'il y a une immigration économique, reconnaître enfin qu'il y a des métiers sous tension qui peuvent être aussi fournis. En fait, c'est dire quels sont les besoins des territoires, quels sont les besoins des entreprises et on met en adéquation les gens qui sont déjà chez nous et qui ne demandent qu'à travailler, et ces besoins.

Vous avez entendu la cacophonie au sommet de l'État sur les retraites. Un Jean-Paul Delevoye recadré par l'Élysée après sa prise de position hier sur la réforme, ça veut dire que le chef de l'État décide sans débat à ce sujet ?

C'est parfois ce qu'on ressent un petit peu quand on est député, malheureusement. Mais moi, je ne peux pas continuer mon action si je pense que je ne sers à rien. Donc, je pense qu'il est important que dans cette majorité extrêmement plurielle, on puisse encore s'exprimer, exprimer des points de vue qui sont, des fois, différents de ceux de l'exécutif ou même du président de la République.

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